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7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 22:56

Depuis le début de la crise, les urgences des hôpitaux de Boston voient de plus en plus d’enfants arrivés dénutris. Une situation qui ne semble pas reculer malgré le retour discret de la croissance.
Dans un grand hôpital de Boston, les urgences accueillent de plus en plus d’enfants d’une maigreur inquiétantes. De nombreuses familles sont incapables d’offrir à leurs enfants des repas nourrissants, expliquent les médecins du centre médical de Boston. Si cette malnutrition perdure, les enfants risquent de souffrir d’un retard dans leur développement intellectuel et moteur.

En 2007, l’année avant la crise économique, 12 % des enfants de moins de 3 ans suivis par les urgences hospitalières présentaient un poids insuffisant par rapport à leur âge. En 2010, ils sont 18 %, et cette tendance ne semble pas s’infléchir, explique le docteur Megan Sandel, maître de conférences en pédiatrie et en santé publique au centre médical de Boston. “Les prix de l’alimentation ne cessent d’augmenter et les salaires ne sont pas extensibles, explique-t-elle. Les familles ont du mal à équilibrer leurs repas.”

Les urgences ont également constaté une augmentation frappante du pourcentage de familles avec enfants reconnaissant ne pas manger à leur faim, elles représentaient 18 % en 2007 et 28 % en 2010. Parmi ces enfants suivis par les urgences se trouve Jordan Turner-Goode. Il pèse moins de 9 kilos à l’âge de 1 an alors que la majorité des enfants de son âge dépassent les 12 kilos. “Nous vivions dans un hôtel à Chelmsford où il était difficile de cuisiner car il n’y avait qu’un micro-ondes, et Jordan ne grossissait pas, explique sa mère Janell Goode. Pourtant il mangeait de tout : des céréales, des nouilles instantanées et des œufs cuits au micro-ondes, des hot-dogs et des fruits.”

Cette mère célibataire de 27 ans, qui travaillait dans le télémarketing avant d’être au chômage, dépend aujourd’hui de l’aide sociale pour nourrir ses trois enfants. Jordan a beau avoir repris du poids, sa mère avoue que leur situation reste précaire. La famille a réussi à quitter l’hôtel pour un appartement mais leur propriétaire est sur le point d’être saisi par la banque.

La malnutrition peut avoir de graves conséquences sur les jeunes enfants dont le cerveau est encore en formation. Le manque de nourriture peut affecter de manière irréversible les compétences analytiques, sociales et psychologiques des enfants, explique Rafael Pérez-Escamilla, professeur en épidémiologie et en santé publique à la faculté de santé publique de Yale.

Autre signe révélateur des difficultés que rencontrent de plus en plus de familles : les bons d’alimentation. Le nombre de personnes qui bénéficient de l’aide alimentaire de l’Etat du Massachusetts a pratiquement doublé, passant de 452 000 en 2007 à 815 000 en mai dernier. On sait, de plus, que des dizaines de milliers de personnes supplémentaires auraient le droit d’en bénéficier mais sont rebutées par la complexité de la procédure.
Depuis 2009 cependant le rythme des demandes pour bénéficier de l’aide alimentaire a ralenti, mais plusieurs milliers de personnes continuent de s’inscrire chaque mois, sans parler de tous ceux que les services sociaux ne parviennent pas à atteindre.

courrierinternational.com

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7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 22:54

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L’objectif est de remplacer 500.000 employés par des machines d’ici à trois ans.

Les robots n’ont pas d’âme et c’est pour cela que le groupe taïwanais Foxconn les préfère aux hommes. En effet ce dernier qui est aujourd’hui confronté, dans ses usines chinoises, à une vague de suicides, veut remplacer 500.000 employés par des robots d’ici à trois ans. Foxconn, le numéro un mondial des composants pour ordinateurs qui fournit notamment des pièces à Apple, Sony et Nokia, prévoit d’utiliser 1 million de robots pour effectuer des opérations «simples», selon le quotidien China Business News. 

La nouvelle a été livrée par le PDG de la société lui-même, Terry Gou lors d’un rassemblement regroupant 10.000 salariés vendredi dernier à Shenzhen. Sur le million de personnes que le groupe emploie, la moitié y travaille et c’est également à Shenzhen qu’ont été recensés la plupart des suicides. Autrement dit, Shenzhen serait sans aucun doute le site de production le plus touché par une telle évolution de la stratégie industrielle du groupe. C’est à Shenzhen en effet qu’a été comptabilisée la majorité des 14 suicides que Foxconn a connus depuis l’an dernier.

À la suite de cette vague sans précédent, Foxconn avait augmenté de près de 70% les salaires dans ses usines chinoises, dont les conditions de travail ont été dénoncées par des organisations indépendantes de défense des droits des travailleurs.

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7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 22:52

L’économie flamboyante des années 2000 n’aura pas survécu à l’éclatement de la bulle financière. Un échec que les élections anticipées annoncées pour novembre ne pourront pas totalement réparer.
K.-O. debout, presque plus de souffle pour encaisser de nouveaux coups. C’est dans cet état que l’économie espagnole entre dans la dernière ligne droite du gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero. Le dirigeant socialiste teste depuis des mois un changement radical de politique économique, dans l’espoir de pouvoir retourner la crise.

Mais les chiffres sont têtus, et ils montrent que, dans le meilleur des cas, les effets de ce tourbillon réformateur tarderont à se faire sentir. Que le changement ne sera pas perceptible sous cette législature. Trois heures seulement avant l’annonce par Zapatero de la tenue d’élections anticipées [fixées aux 20 novembre], on apprenait le chiffre qui résume la situation : 4,8 millions de chômeurs.

Pour le gouvernement Zapatero, l’économie aura été ce qui lui aura permis de toucher du doigt le paradis, avant de le plonger dans les enfers de la pire récession qu’ait connue l’Espagne depuis la guerre civile. A la veille des élections de 2008, l’exécutif socialiste pouvait se targuer du taux de chômage le plus bas depuis la fin du franquisme (8 % fin 2007), de comptes publics excédentaires, d’une croissance robuste et stable qui permettait à l’Espagne d’évoluer dans la “Champions League” de l’économie mondiale. Avec un revenu par habitant supérieur à celui de l’Italie, la convergence avec la France et l’Allemagne, les poids lourds européens, avait cessé d’être une vue de l’esprit pour Zapatero.
La crise a réduit le mirage en morceaux

Cette vision idyllique de l’économie espagnole n’aura pas tenu une législature entière. La débâcle financière mondiale a réduit le mirage en lambeaux. Et quand le raz-de-marée du krach de 2008 s’est retiré, l’image que renvoyait l’Espagne était tout autre : le pays où le chômage augmentait le plus rapidement, celui qui avait le plus de difficultés à sortir de la récession, l’un de ceux qui voyait augmenter son déficit public le plus rapidement et de la façon la plus spectaculaire… Si auparavant, le petit monde des experts anglo-saxons (analystes, spéculateurs, presse spécialisée) qui fait la pluie et le beau temps sur les marchés avait vanté le “miracle économique espagnol”, il s’est ensuite empressé d’installer l’Espagne dans la porcherie des PIGS.

Les conséquences formidables de la crise internationale en Espagne ont contraint à revoir d’un autre œil les années de vaches grasses. L’économie s’était laissée portée des années durant par la bulle spéculative des marchés immobiliers et financiers. Le gouvernement Aznar d’abord, puis celui de Zapatero, avaient nié l’importance de cette bulle.

Personne ou presque n’aurait pu prévoir que les prêts “toxiques” pratiqués aux Etats-Unis allaient déclencher la pire crise financière depuis la Grande Dépression. Et quand le crédit s’est tari, cette bulle que personne ne voyait a explosé. La déflagration a mis à nu une économie marquée par un fort endettement des ménages et des entreprises, au pire moment qui soit.

Rétrospectivement, le premier mandat de Zapatero apparaît comme sa grande occasion manquée, même si les chiffres dressaient à l’époque un tout autre tableau : le gouvernement socialiste a fermé les yeux sur des tendances inquiétantes, tels la faible productivité du pays ou son endettement galopant à l’égard de l’étranger. Et c’est tout juste s’il a procédé à quelques ajustements par rapport au modèle économique laissé par le Parti populaire, quand il n’a pas approfondi certaines de ses mesures, comme la baisse des impôts.
Une métamorphose trop tardive

La débâcle financière de 2008 a laissé Zapatero dans un état de stupeur dont il a eu bien du mal à se remettre. Des mois durant, il a nié la crise, puis il l’a relativisée, et ce n’est que quand les marchés et l’UE ont commencé à manifester leur inquiétude croissante pour l’avenir de l’Espagne à court terme que le chef du gouvernement a procédé à un virage controversé.

La métamorphose a été radicale. Des intuitions sociales du premier mandat et de l’approche keynésienne appliquée aux premiers moments de la crise, on est passé subitement aux compressions budgétaires et aux coupes claires. La conversion de Zapatero s’est produite après le week-end du 9 mai 2010 : les marchés et les partenaires européens exigeaient de lui un changement de cap spectaculaire. L’Allemagne demandait à l’Espagne des coupes draconiennes, pas moins de 35 milliards. Finalement, elles n’ont été que de 15 milliards, avec baisse des salaires des fonctionnaires, gel des pensions, diminution des dépenses publiques et entrée sur le chemin de la réforme, sur lequel Zapatero s’est lancé avec une mine de pénitent sur le mode “quoi qu’il en coûte, et quoi qu’il m’en coûte à moi”.

La réforme du marché du travail ou celle des retraites renforcent l’idée qu’en mai 2010, la législature Zapatero a fait sa révolution copernicienne. En réalité, depuis cette date, le gouvernement n’a pu faire guère plus qu’éponger l’hémorragie, et les coutures menacent de lâcher chaque fois que les marchés augmentent le coût du financement des administrations, des entreprises et des ménages.

L’annonce d’élections anticipées aura été l’occasion, dans une large mesure, d’un passage en revue de l’héritage économique que Zapatero laissera à son successeur. Et alors même qu’il faisait le bilan de l’épisode économique le plus sombre de notre histoire récente, le chef du gouvernement a de nouveau versé dans un optimisme excessif. Il a salué les chiffres du chômage au deuxième trimestre comme l’indication d’un “certain changement de tendance”, alors que cette amélioration n’est due qu’à des facteurs saisonniers, à la saison touristique. Sans cela, le chômage aurait à nouveau augmenté.

Economie
Les marchés mettent la pression sur les élections

En Espagne, les élections anticipées du 20 novembre, annoncées le 29 juillet par le Premier ministre José Luiz Rodriguez Zapatero, au motif que “la certitude, c’est la stabilité”, ne laisseront aucun choix aux deux candidats, écrit le Financial Times, alors “que ni M. Rubalcaba et les socialistes, ni M. Rajoy et le PP n’ont beaucoup d’influence sur la circonscription la plus importante dans une telle crise : les investisseurs internationaux du marché obligataire souverain”. “En fait, le choix du mois de novembre pourrait aider à limiter l’ampleur de la probable défaite socialiste”, écrit le FT. Si les sondages montrent un écart de 14 points entre le PP et le PSOE (respectivement à 44% et 30%), le profil du candidat socialiste Alfredo Perez Rubalcaba, “un politicien chevronné de plus en plus populaire auprès des électeurs”, pourrait réduire les chances de Mariano Rajoy et du PP de gagner les élections avec une majorité écrasante. Mais “ni la certitude sur la date des élections, ni la probable victoire du parti d’opposition de la droite populaire n’apaiseront nécessairement les craintes des investisseurs sur l’avenir de l’Espagne”. Un rapport publié par le FMI le 29 juillet affirme que “l’Espagne n’est pas hors de la zone de danger”, même s’il loue les réformes économiques menées.

Alejandro Bolaños 1 août 2011 El País Madrid

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7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 22:50

Des centaines de femmes ont défilé dimanche à New Delhi pour la première « marche des salopes » jamais organisée en Inde, visant à alerter l’opinion sur une hausse inquiétante du nombre d’agressions sexuelles et l’accroissement de l’insécurité.

Au cours des « marches des salopes » qui ont lieu dans d’autres pays — plusieurs ont déjà été organisées à Séoul, Londres ou Boston —, les femmes s’habillent de façon volontairement provocante, pour tourner en dérision l’idée selon laquelle les victimes d’agressions sexuelles ne doivent s’en prendre qu’à elles-mêmes.

Mais dans la capitale indienne, la plupart des femmes qui participaient à la manifestation avaient opté pour des tee-shirts et des pantalons, jugeant la cause encore plus importante que la tenue vestimentaire.

« Il est temps pour les femmes en Inde de s’exprimer et de lutter pour leur propre sécurité. Les Indiennes ne sont pas des salopes et les hommes n’ont pas le droit de nous traiter comme telles », a déclaré à l’AFP Ashima Awal, une étudiante âgée de 22 ans.

Selon une étude menée en 2010 par la municipalité de New Delhi, l’ONU et le groupe de défense des droits des femmes Jagori (« Femmes, réveillez-vous » en hindi), 85 % des femmes craignent d’être harcelées et 45 % évitent de sortir seules à la nuit tombée.

« Même si nous sommes couvertes de la tête aux pieds, nous sommes agressées. Les hommes nous agressent dans n’importe quelle circonstance », regrette Raksha Gupta, une femme au foyer qui a pris part à la marche en compagnie de son mari.

« Peloter les femmes et les regarder avec insistance dans les lieux publics est un sport national dans la capitale, bien des hommes pourraient gagner une médaille d’or dans ce domaine », constate Uma Jaysingh, une étudiante qui utilise les transports publics pour se rendre à l’université.

Selon des chiffres de la police, la capitale fédérale figure désormais en tête des villes les moins sûres du pays, avec 489 affaires de viol en 2010, contre 459 en 2009.

Un certain nombre d’hommes s’étaient joints à leurs femmes, petites amies, filles et nièces dans la marche de protestation.

« Je ne veux pas que ma fille ait à subir une agression sexuelle. Des hommes doivent dire à d’autres hommes d’arrêter ces comportements criminels », déclare Ajay Mathur, père de deux adolescentes.

AFP 

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7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 22:47

Après les manifestations de samedi, environ 150 000 employés municipaux sont en grève lundi. “Nous avons appelé à une journée de grève. Les mairies sont fermées au public, les éboueurs n’ont pas ramassé les poubelles”, a affirmé Shlomo Buhbut, président de l’Union des autorités locales. “Si le gouvernement ne fait rien nous n’excluons pas la possibilité d’autres actions de soutien dans les prochains jours”, a-t-il prévenu.Par ailleurs, un appel à une grève de vingt-quatre heures des salariés a été lancé lundi par des internautes via le réseau social Facebook. Quelque 24 000 Israéliens ont annoncé qu’ils n’iraient pas au travail, ont indiqué les médias, qui n’ont pas été en mesure de mesurer si cette initiative avait été suivie.

PROMESSES DE RÉFORMES
Cet appel à la mobilisation intervient au lendemain de promesses de réformes par Benyamin Nétanyahou. A l’ouverture du conseil des ministres, dimanche 31 juillet, le premier ministre a annoncé qu’il nommerait une “équipe interministérielle chargée de présenter un plan pour alléger le poids économique [qui pèse] sur les citoyens”, selon un communiqué officiel. Le porte-parole du premier ministre, Gédéon Shmerling, a expliqué que M. Nétanyahou examinait une diminution des impôts indirects. Il souhaiterait également favoriser la concurrence en réduisant la concentration des capitaux entre les mains d’un petit nombre.

Depuis la mi-juillet, des manifestants qui dénoncent la hausse effrénée du prix des logements se sont installés dans des centaines de tentes le long du boulevard Rothschild, dans un quartier huppé de Tel Aviv. Le mouvement s’est ensuite étendu dans d’autres villes. Samedi, quelque 150 000 manifestants ont défilé à Tel Aviv et dans d’autres localités. Ce mouvement qui exprime la colère des jeunes et des classes moyennes serait soutenu par plus de 80 % des Israéliens selon un sondage.
 AFP

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7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 22:46

Plusieurs dizaines de milliers d’Israéliens ont manifesté dans la soirée du 23 juillet à Tel-Aviv contre l’aggravation des disparités sociales. Lancés depuis quelques semaines par de jeunes étudiants, les mouvements de protestation populaires se multiplient.

A Tel-Aviv, le mouvement de contestation lancé il y a plus d’une semaine sur le boulevard Rothschild a atteint son paroxysme le samedi 23 juillet, avec une manifestation organisée dans la ville. S’il existait un doute quelconque sur son importance, il s’est envolé avec le revirement du Premier ministre Benjamin Nétanyahou et de ses proches. En effet, ces derniers avaient commencé par qualifier les manifestants d’”extrémistes gauchistes” et de “radicaux financés par l’étranger”, avant de leur donner publiquement l’accolade le 24 juillet. Les réactions des personnalités politiques de tous bords, qui se sont empressées d’élaborer des propositions de loi et des réglementations visant à réformer le système du logement, prouvent qu’on ne se trouve pas en présence d’un simple caprice d’enfants gâtés refusant de vivre ailleurs que dans la région de Tel-Aviv, comme l’a prétendu le ministre du Logement.

A l’instar de la révolte contre la flambée des prix des carburants et de l’appel au boycott du fromage blanc Cottage [aliment symbolique quasi emblématique des couches défavorisées] lancé en juin, les tentes dressées en signe de protestation contre la politique du gouvernement en matière de logement [depuis la mi juillet des centaines d'étudiants ont installé des villages de tentes dans tout le pays] traduisent le malaise de la classe moyenne. Ce pilier de la société israélienne porte l‘essentiel du fardeau des obligations citoyennes vis-à-vis de l’Etat – travaillant, payant les impôts et servant dans l’armée.

Depuis quelques années, la grogne grandit chez les membres de la classe moyenne, qui s’estiment, à juste titre, grands oubliés dans la distribution des ressources. Le Premier ministre et le ministre des Finances se targuent des succès économiques engrangés par Israël pendant que l’Europe et les Etats-Unis s’enfoncent dans la crise financière. Mais ce sont les segments de la société placés tout en haut des priorités politiques qui en recueillent les fruits, accédant, sans pratiquement mettre la main à la poche, aux logements et à l’éducation ainsi qu’à l’aide sociale. D’un autre côté, les richesses se concentrent de plus en pus entre les mains d’un tout petit groupe, qui exerce une influence politique toujours plus grande.

Les dizaines de milliers de personnes qui sont descendues dans la rue samedi 23 juillet ne dénonçaient donc pas seulement la crise du logement. A l’image de leurs homologues en Espagne, au Portugal et en Grèce, et des courageux révolutionnaires qui ont renversé les régimes tunisien et égyptien, ces jeunes, expriment également leur colère face aux priorités biaisées de leur gouvernement. Eux aussi exigent davantage de justice dans la distribution des ressources, un engagement de l’Etat pour le bien-être de ses citoyens, et même le rétablissement  de l’Etat-providence.

Même si les représentants de la droite ont multiplié les attaques verbales contre les occupants du boulevard Rothschild, et même si le gouvernement s’est dépêché de se réunir pour tenter de trouver des solutions et éteindre l’incendie, il est inutile de se voiler la face. Le mouvement de contestation constitue un réveil salutaire. Il ne doit pas rester confiné sur la voie publique, mais recevoir un écho dans le système politique.

Courrier International

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 10:01

afrique.jpgLa sécheresse en Europe menace l’approvisionnement en céréales des pays pauvres. L’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) suit de près la situation dans plusieurs Etats africains où une nouvelle hausse des prix alimentaires pourrait provoquer des émeutes de la faim.

 

La sécheresse qui sévit actuellement en Europe du Nord n’affecte pas seulement les agriculteurs européens. Elle pourrait aussi avoir des conséquences sur l’approvisionnement en céréales des pays en développement dépendants des marchés internationaux, provoquant ainsi une nouvelle flambée des prix.

En tout, ce sont 70 Etats qui appartiennent à la catégorie des pays à faibles revenus déficitaires sur le plan agricole, dont 29 sont africains. La République démocratique du Congo est un de ceux dont la situation est la plus extrême car la quasi-totalité de la consommation de céréales doit être importée. Au Sénégal et au Cameroun, ce ratio tombe autour de 40%.

La hausse des prix alimentaires, déjà très élevée, plonge des milliers de gens dans la misère

Selon la FAO et de la Banque mondiale, et quel que soit l’indice de référence, le résultat est le même : les prix des denrées alimentaires flambent, menaçant ainsi 44 millions de personnes plongées dans la pauvreté extrême.

Ces derniers mois, en plus du quasi-doublement des prix du blé, ceux du maïs ont augmenté de 73%, alors même que c’est une denrée essentielle pour de nombreuses communautés pauvres dans le monde. Les prix mondiaux des denrées alimentaires ont augmenté de 29% par rapport à l’année dernière, constate le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick.

Face à cette flambée des prix, Ngozi Okonjo-Iweala, directrice de la Banque mondiale pour l’Afrique, l’Europe, l’Asie du Sud et l’Asie centrale, tire elle aussi la sonnette d’alarme : « Je pense que nous sommes entrés dans une période dangereuse. Des questions de sécurité alimentaire nationales sont de plus des questions de sécurité alimentaire mondiale. C’est un défi pour le monde entier, car près d’un milliard de personnes vont se coucher en ayant faim. »

Les effets néfastes du changement climatique

Les effets d’une forte élévation des températures sur les rendements agricoles s’avèrent d’ores et déjà extrêmement néfastes pour l’ensemble des pays pauvres.

Suite à une étude publiée vendredi 3 juin par le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR), les chercheurs précisent que « les régions où la population souffre déjà de problèmes alimentaires chroniques risquent d’être particulièrement touchées par le réchauffement. Ces régions sont principalement situées en Afrique et en Asie du Sud. […] Dans moins de quarante ans, la saison agricole de ces régions sera plus courte, plus chaude et plus sèche, mettant en danger des centaines de millions de personnes déjà très démunies. »

Vers une nouvelle crise alimentaire ?

Fin mars 2011, la FAO avait estimé que la « facture alimentaire » des pays pauvres s’envolerait de 20 % en 2011. Sans compter sur les épisodes de sécheresse actuels, et pour amortir l’impact de la hausse des prix internationaux sur les populations, de nombreux pays ont relevé le niveau de leurs subventions. L’organisation des Nations unies craint que tous ces pays ne puissent pas suivre encore pendant longtemps.

Appels à une réforme de l’organisation des marchés agricoles

A l’approche de la première réunion du G20 consacrée à l’agriculture, prévue les 22 et 23 juin à Paris, l’ONG britannique Oxfam réclame des mesures contre la spéculation sur les denrées agricoles, des investissements en faveur de l’agriculture paysanne et l’arrêt des subventions à la production des biocarburants dans les pays riches.

De son côté, et selon ses derniers chiffres, la FAO rappelle que près d’un milliard de personnes souffrent de la faim et que la demande alimentaire augmentera de 70% d’ici à 2050.

Le Mozambique pourrait connaître à nouveau des émeutes

Selon l’Agence de presse mozambicaine (AIM), le gouvernement mozambicain a admis ce samedi 4 juin que le pays n’échappera pas à la crise alimentaire en raison de sa forte dépendance sur les produits alimentaires importés. Le Mozambique importe 460 000 tonnes de blé et 350 000 tonnes de riz par an ; il ne produit que 23 000 tonnes de blé et 250 000 tonnes de riz.

L’augmentation des prix du pain et du riz avaient provoqué, il y a un an, de violentes protestations au Mozambique, durant lesquelles 18 personnes ont trouvé la mort et plusieurs centaines d’autres ont été blessées.

Cette fois-ci, et comme en septembre 2010, le gouvernement mozambicain craint une reprise des manifestations si, comme le prévoit la FAO, les prix des produits alimentaires enregistrent de nouvelles hausses.
Par Ursula Soares

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 09:58

Editorial qui fait le tour des populations européennes qui manifestent ne pas avoir d’avenir. “Le monde” a peur de la crise de la démocratie représentative!

La leçon des élections législatives au Portugal
Lors de chaque élection, c’est la sanction, ou presque. Les Européens sont d’humeur électorale fébrile. Qu’ils soient de gauche ou de droite, peu importe: les dirigeants “sortants” ne sont pas à la fête. Ils partent avec un handicap. Ils subissent une désaffection croissante des électeurs pour les grands partis de gouvernement. C’est inquiétant.

Le Portugais José Socrates vient d’en faire l’expérience. Au pouvoir depuis 2005, le chef du gouvernement socialiste a essuyé une sévère défaite lors des élections législatives du dimanche 5 juin. La droite l’emporte sans discussion, menée par le Parti social-démocrate (PSD, centre droit) de Pedro Passos Coelho.

Celui-ci formera le prochain gouvernement et, avec l’appui d’une petite formation de droite, le CDS-PP, disposera d’une écrasante majorité à la Chambre des députés. M. Socrates est victime d’une manière d’usure du pouvoir plus que d’un désaveu d’ordre programmatique.

Car M.Passos Coelho s’est fait le porte-parole d’une politique d’austérité et de réformes encore plus drastique que celle défendue par M.Socrates. Il s’agit de satisfaire aux demandes de l’Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI), venus en aide au Portugal – un prêt de 78 milliards d’euros sur trois ans – pour l’aider à faire face à un endettement public substantiel.

Le futur premier ministre a donné des gages. Il s’est dit prêt à aller au-delà de ce qui est demandé à Lisbonne: plus de privatisations, plus d’austérité budgétaire. Mais là n’est pas la principale leçon des élections portugaises. Elle réside dans un taux d’abstention historique, comme le Portugal n’en a jamais connu en quarante ans de sa jeune vie démocratique.

Près de 41% des Portugais ne sont pas allés voter. Qu’ils aient choisi la plage, la campagne ou les terrasses de café du pays, le résultat est là: une désaffection politique massive. Elle explique assurément la défaite subie par le Parti socialiste. Mais elle n’est pas que cela. Elle est le reflet d’un phénomène plus large en Europe.

Municipales en Espagne et en Italie (ce printemps), législatives en Irlande (en mars), régionales en Allemagne, cantonales en France: partout, les sortants sont malmenés. Pourquoi? Une première explication, rassurante, serait d’ordre conjoncturel. Les électeurs vivent mal cette sortie de crise. C’est vrai dans la zone euro comme ailleurs au sein de l’UE. Ils vivent mal une reprise un peu faible et peu créatrice d’emplois. Le chômage reste massif chez les jeunes Européens. Et l’heure est à l’austérité – naturellement peu populaire…

Une seconde explication, plus grave celle-là, tiendrait à une crise profonde de la démocratie représentative. Sentiment d’une absence de vrai choix politique, indifférence à l’adresse de la sphère publique, émiettement sociétal: tout concourrait au désaveu ainsi exprimé pour l’expression politique traditionnelle. Si c’est vrai, il faut combattre ce désenchantement. Cela suppose que les “politiques” entendent ce que disent les abstentionnistes et autres “indignados”.
LEMONDE | 

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 09:53

algerie.jpgLes forces anti-émeutes n’ont pas chômé depuis le début de l’année. 2777 opérations de maintien de l’ordre ont eu lieu ces 5 derniers mois pour contrer toutes les manifestations de colère qui éclatent au jour le jour. Confrontés à toutes sortes de pressions, les agents de maintien de l’ordre résistent et se déploient. Leur mot d’ordre : faire respecter la loi.

C’est à quelques mètres de la mosquée de l’Appreval à Kouba, un quartier connu pour avoir été durant de longues années un fief de l’islamisme, également secoué par des émeutes en janvier dernier, que se cache derrière des centaines d’arbres une des plus importantes casernes des forces anti-émeutes de la police nationale.
Le 8e groupement des Unités républicaines de sécurité (URS) de Kouba, la troisième à Alger, où 1500 agents anti-émeutes vivent à longueur d’année. Réparties en six unités, comprenant des dizaines de brigades de 11 agents chacune, ces forces anti-émeutes ont droit à toutes les commodités à l’intérieur du groupement : de grandes cours, un jardin, des espaces d’entraînement, des dortoirs, des services médicaux, un cybercafé, une bibliothèque. Propreté et calme y règnent comme pour adoucir leur esprit soumis à toutes les agitations une fois à l’extérieur. 33 agents de l’ordre en tenue anti-émeutes, courent à petites foulées vers la grande place de la cour de ce 8e groupement des URS de Kouba.

Casque bleu et bouclier en main,  ils se rassemblent avec droiture et précision, bombent le torse pour le salut et la revue des rangs, puis écoutent attentivement le discours du chef de section. Mourad, 29 ans, a rejoint l’URS de Kouba il y a 5 ans. Il connaît bien les enjeux de ce genre de sorties sur le terrain, mais se concentre tout de même sur les consignes données. «La discipline est votre moteur, et n’oubliez pas que vous êtes là pour assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens», explique avec autorité le chef de section de ces trois brigades qui s’apprêtent à prendre la relève d’une autre brigade des forces anti-émeutes en poste depuis ce matin à la place du 1er Mai. Il est 11h 30, les 33 agents rejoignent les camions anti-émeutes en exécutant une parfaite chorégraphie disciplinaire. Arrivés à destination, ils résisteront à la chaleur, des heures durant, à l’intérieur de leurs camions. Leur déplacement a été vain, la place est calme aujourd’hui.

Troubler l’ordre public
«Nos sorties sur le terrain entrent dans une logique dissuasive. On opte pour la prévention comme meilleur moyen de maintenir l’ordre public», explique Djamel Louli, commissaire principal de la direction de la sûreté publique. Les trois brigades se tiennent prêtes à intervenir et attendent les ordres. RAS (Rien à signaler). Retour donc à la caserne en attendant la prochaine sortie. Si cette mission s’est révélée calme et agréable (malgré la chaleur), elle reste exceptionnelle. Ils n’ont effectivement pas manqué de sorties houleuses et éreintantes ces derniers mois. 2777 opérations de maintien de l’ordre ont eu lieu sur tout le territoire national depuis janvier dernier. Un chiffre impressionnant si l’on se réfère au bilan de l’année 2010, 10 fois inférieur : seulement 206. Un petit calcul rapide pour le rendre encore plus
alarmant : 555 opérations par mois, 18 par jour, une opération toutes les deux heures. Cette activité intense coïncide avec l’augmentation de 50% de leur salaire, décidée en décembre dernier. Aucun lien entre les deux, il ne s’agit pas de travailler plus pour gagner plus. Plutôt de travailler plus contre d’autres qui ne travaillent pas (chômeurs) ou refusent de travailler (médecins).
Mercredi 1er juin. Même rituel avant de partir sur le terrain : place du 1er Mai, point devenu stratégique dans la contestation qui secoue la capitale depuis le début de l’année. D’autres brigades, beaucoup plus nombreuses, y sont déjà postées. Cette fois-ci le déplacement ne sera pas vain. Des centaines de médecins ont décidé de «troubler l’ordre public» ce matin.

La complexité de la tâche
«Nous représentons l’ordre et nous sommes là pour appliquer la loi, nous sommes obligés d’empêcher les rassemblements non autorisés», souligne, à son tour, le commissaire Khaoua Samir, chargé de la communication de la sûreté de wilaya d’Alger. Jouant la carte de la transparence, la DGSN se prête volontiers au jeu des questions-réponses. Autorisé à s’exprimer lui aussi, Mourad confiait quelques jours plus tôt que «faire ce métier n’est pas toujours facile, mais tous ces affrontements ne sont ni dangereux ni dramatiques». Et d’ajouter : «Pour nous les choses sont simples, on applique la loi et on obéit aux ordres pour le bien du pays.» Les nombreuses revendications dans tout ça ? «Ça ne nous concerne pas», répond-il en plissant les yeux. Le sourire d’une personne qui ne peut pas en dire plus. Les brigades se placent et encerclent les manifestants. L’opération débute dans le calme mais virera quelques heures plus tard en une véritable bastonnade.

Pousser, bousculer et finir par donner de violents coups de godasses pour venir à bout de plus de 500 médecins résidents décidés à «manifester pacifiquement». Certains agents restent «calmes et délicats», d’autres n’hésitent pas à user de la force. Difficile de savoir si Mourad y était ce jour-là ; d’ailleurs dans ces moments de grande agitation, les visages se confondent, qu’on soit habillé de bleu ou en blouse blanche. Les médecins forment bloc et se laissent encercler par les agents de l’ordre. Le sit-in durera des heures dans le calme. Médecins et policiers tiennent même la conversation. «Savez-vous au moins pourquoi on est là ?» demande un résident. L’agent lui explique très courtoisement qu’il y a d’autres manières de revendiquer. «On a tout essayé, par leur mépris, ils nous poussent à la rue», argue le résident qui est maintenant rejoint par d’autres. Le débat s’anime, tout en sourire, mais ne mène à rien.

Insultés dehors, sanctionnés à l’intérieur
Tahar, 32 ans, est lui aussi agent anti-émeutes depuis 5 ans. Il pense justement que rien ne sert de débattre, car «quand bien même leurs revendications sont justes et légitimes, la loi est la loi !». Oui, mais quand on reste face à face durant des heures à attendre que l’autre cède, faire la conversation se révèle plus agréable. «Ces policiers sont peut être sympa pris individuellement, mais quand ils sont en mission, pour moi ce sont des monstres à la violence aveugle», peste une résidente qui a justement été malmenée par l’un d’entre eux. 15h30 : « fergou rabhom (expression difficilement traduisible que la langue française adoucit : dispersez-les).» Une phrase énoncée comme un cri de guerre, elle précipite la place du 1er Mai dans une atmosphère cauchemardesque. Camions canon à eau postés à l’entrée de l’hôpital, des commissaires qui se joignent à l’action, des cris, des coups à tout-va. «Ils en profitent pour déverser toute la haine qu’ils ont pour la population», s’écrie un médecin résident qui vient de fuir les affrontement après deux bons coups de godasses reçus en plein ventre. Il était venu pour exprimer sa colère contre les propos «méprisants» d’Ahmed Ouyahia, il rentre chez lui avec une indignation, cette fois-ci dirigée contre la police.

Une scène semblable à des centaines d’autres depuis le début de l’année. Chômeurs, militants de la CNCD, patriotes, étudiants, y sont passés. Mais après avoir affronté justement cette colère, en revenant à leur caserne, c’est une autre amertume qui les attend. «On ne pardonne pas les bavures, et on lance systématiquement des enquêtes internes lorsqu’il y a des cas de bastonnades contre des manifestants», souligne le commissaire principal, Abdelkader Mahdoui, commandent du 8e groupement des URS de Kouba. Des enquêtes concluantes ? «C’est justement difficile d’identifier les agents qui dérapent», répond-il en précisant que «nos agents ne sont pas munis de matraques, justement par souci de respect en- vers la population. Ils n’ont que leur bouclier et fonctionnent au mode du corps-à-corps».

Pris au piège
Le fossé se creuse entre la classe dirigeante et la population. Pendant que l’une se recroqueville chaque jour un peu plus sur elle-même, l’autre déverse sa colère dans la rue quand elle n’arrive pas à se contenter d’une grève, d’une automutilation ou d’une immolation par le feu. C’est exactement dans ce fossé que se placent les policiers ces derniers mois. Pris au piège de leur fonction, ils récoltent toute la colère des citoyens qui transfèrent volontiers (parce qu’ils considèrent que les policiers ont changé de camp en étant augmentés) tous leur rejet du pouvoir vers ces seuls acteurs officiels qui veulent bien leur faire face. Mais seulement lorsqu’ils sont en tenue. Une fois sans, leur avis sur tout ce qui se passe en Algérie peut avoir de quoi malmener le droit de réserve que leur impose leur profession. Et pour cause, malgré leur salaire quelque peu grossi, ils n’ont pas tous la chance d’avoir un logement, ils leur arrivent d’avoir des cousins étudiants, des frères émeutiers, parfois même des femmes médecins. Mourad se marie justement dans un mois, il attend sa permission avec impatience. Heureusement pour lui, sa femme n’est pas médecin.

C’est plutôt logique quand on sait qu’il est loin de porter cette corporation dans son coeur. «Les médecins ne me font pas de peine, je m’inquiète plus pour les malades, mais j’évite de m’intéresser trop au sujet, je me contente de faire mon travail», confie-t-il. Comment faire pour rester hermétique à des problèmes qui touchent tout algérien, quelle que soit sa fonction ? «Je m’y force mais je n’y parviens pas toujours. J’avoue que les émeutes de Diar Echems ont été très marquantes pour moi, ces jeunes m’ont vraiment fait de la peine.» Marqué mais pas au point de remettre en question sa carrière. «Je suis vraiment entré dans la police par vocation, j’ai suivi le modèle d’un de mes cousins policier de Tiaret, qui était apprécié de tous pour sa gentillesse et sa générosité. J’aspire à ce modèle», raconte-t-il. La tâche s’annonce difficile.

Psychologues à la rescousse
Dans la caserne du 8e groupement de Kouba, trois psychologues s’intéressent de près à tout ce qui anime (ou abîme) ces agents de maintien de l’ordre. «Ces derniers mois, on n’a pas eu le temps de trop les voir, ils travaillent beaucoup, mais ils restent soumis à des séances de thérapies régulières», précise l’une d’entre elles. La pression de ces derniers mois, à laquelle s’ajoutent les difficultés de la vie en retrait, ne doit pas être facile à gérer pour ces agents ? «Non, ils gèrent très bien, ils sont préparés à affronter pire que ça», tranche la seconde en mettant fin à la conversation. Cette cellule de psychologues est justement mobilisée à longueur d’année pour être à l’écoute, mais aussi pour détecter les comportements troubles. Et pour cause, ces hommes sont soumis à des pressions de toutes parts. Dans le quartier de Haï El Badr, à seulement quelques mètres de la caserne de Kouba, le danger les guette parfois.

Des habitants du quartier ont encore en mémoire l’agression très violente d’un des policiers de la caserne qui a eu lieu l’an dernier. «Les jeunes les repèrent, et comme ils savent que ces agents anti-émeutes sortent souvent en civil quand ils ne sont pas de service, ils s’en prennent à eux pour se venger. C’est arrivé plusieurs fois», raconte un vieux du quartier. Qui les soigne dans ces cas-là ? Des médecins, bien sûr. Le 1er juin dernier, un médecin a été frappé (au sens figuré et au sens propre) en reconnaissant un policier qu’il avait lui même soigné quelques semaines auparavant. Une confrontation troublante, pour les deux sûrement. Mais qui ne change rien au final. D’une complexité inextricable, la situation actuelle défie toute logique sereine. Les malades se soulèvent contre les médecins, les médecins contre les policiers, les policiers contre tous ceux qui veulent se soulever.
Fella Bouredji; El Watan

 

En illustration : émeute à Said Otba

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 09:49

espagna.jpgLe square Neptune, à Madrid, était envahi, dimanche 19 juin, par les manifestants.

Les Espagnols ont défilé en masse ce dimanche «contre le chômage et le capital». Certains veulent organiser une grève générale. À Paris, 450 personnes se réclamant du mouvement des indignés se sont rassemblées.

«Cette crise nous ne la paierons pas.» Un mois après la naissance du mouvement des «indignés» qui s’est propagé à tout le pays, entre 35.000 et 40.000 personnes, selon la police, ont défilé à Madrid contre l’austérité. Ils étaient 50.000 à Barcelone, selon la police. Selon les médias, 5000 personnes ont notamment manifesté à Grenade, autant à Malaga et Bilbao.

La foule madrinlène, arrivée en six cortèges de tous les quartiers de Madrid, s’est rassemblée près du parlement, dans le centre, face à une rangée de barrières bleues et à une douzaine de fourgons de police barrant la rue.

«Contre le chômage. Organise-toi et lutte. Marchons ensemble contre le chômage et le capital», proclamait une des grandes pancartes qui ponctuaient le défilé madrilène. «Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiciens et des banquiers», affirmait une autre banderole en lettres rouges. Sous les slogans, des manifestants de tous âges, familles avec poussettes, jeunes, chômeurs et retraités, venaient témoigner d’une même lassitude face à la crise qui étrangle la société espagnole.
Chômage et corruption

Les manifestants ciblaient le pacte de stabilité de la zone euro et ses impératifs de rigueur budgétaire, les hommes politiques accusés de corruption et de ne pas entendre la voix des citoyens, le chômage qui frappe 21,29% de la population active en Espagne, presque la moitié des moins de 25 ans.

«Nous devons préparer une grève générale. Nous allons paralyser ce pays», lançait un orateur au micro. «Les banques et les gouvernements qui ont provoqué cette situation doivent savoir que nous ne sommes pas d’accord avec les mesures et les coupes budgétaires, que nous avons l’intention de nous faire entendre, et que nous le ferons», assurait la plate-forme appelant à manifester dans toute l’Espagne.
Large soutien populaire

Mardi 13 juin, les «indignés» avaient démantelé leur campement de la Puerta del Sol à Madrid, symbole de cette vague de contestation. Profitant d’un large soutien populaire, ils veulent maintenant consolider leur mouvement via des assemblées de quartier et d’autres manifestations ponctuelles.

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