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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 13:42

« Beaucoup de gens voient en Obama un faible - il a été dépassé par ses généraux en Afghanistan, par Wall Street sur la réforme de la finance, etc. Mais malheur à ceux qui essaieraient d’interférer avec sa réélection. Il les écraserait. Et une guerre avec l’Iran - peu importe qui la commencerait - serait bien trop risquée en année électorale. » Tribune de Mark Weisbrot, co-directeur du Center for Economic and Policy Research.

 

Le New York Times a fait état la semaine dernière d’une intéressante conversation téléphonique, en janvier dernier, entre le président Obama et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Selon ces informations, M. Obama a tenté de convaincre Netanyahu - avec un certain succès - que le moment n’était pas propice à une action militaire contre l’Iran.

Le New York Times indique que « de hauts responsables israéliens, y compris le ministre des Affaires étrangères et le chef du Mossad, se sont rendus à Washington ces dernières semaines pour défendre leur point de vue » : l’Iran atteindrait très bientôt le point où des bombardements ne pourraient plus détruire son programme nucléaire. L’argument est qu’une fois que l’Iran aura transféré suffisamment d’équipements et de matériaux dans des installations souterraines inexpugnables, ceux-ci ne pourraient plus être détruits, même en employant les bombes les plus puissantes. De sorte qu’Israël doit attaquer rapidement, ne disposant peut-être que d’un délai de quelques mois, ont affirmé ces officiels israéliens.

 

Une campagne massive de propagande est en cours sur les grands médias, à destination de ceux qui ne suivent pas de près cette question. L’Iran, dont même le secrétaire à la Défense des États-Unis, Leon Panetta, a reconnu qu’il ne construisait pas une arme nucléaire, est dépeint comme la désirant ardemment. Pourquoi donc ? Ils pourraient ainsi atomiser Israël, devenant alors la première nation sur Terre à se suicider en masse, puisqu’Israël dispose de suffisamment d’armes nucléaires pour tuer plusieurs fois tous les iraniens. Cela prend donc tout son sens si l’on suppose que le suicide de masse est en l’Iran l’aspiration nationale la plus profonde.

 

Cependant, la plupart des experts estiment que l’Iran ne cherche pas à construire des armes nucléaires, mais seulement à obtenir la capacité à les produire. C’est là une capacité que partagent le Brésil, l’Argentine, le Japon, et d’autres pays disposant de réacteurs nucléaires civils - et qui sont à même de produire des armes nucléaires dans un délai de quelques mois. L’Iran, comme ces autres pays - et contrairement à Israël - est en conformité avec le Traité de Non-Prolifération des armes nucléaires, et le resterait, même s’il acquérait une telle capacité.

 

Revenons-en aux États-Unis : La bonne nouvelle, c’est qu’Israël n’attaquera pas l’Iran avant l’élection présidentielle américaine. Beaucoup de gens voient en Obama un faible - il a été dépassé par ses généraux en Afghanistan, par Wall Street sur la réforme de la finance, etc. Mais malheur à ceux qui essaieraient d’interférer avec sa réélection. Il les écraserait. Et une guerre avec l’Iran - peu importe qui la commencerait - serait bien trop risquée en année électorale. Il y a fort à parier que Barack Obama a rappelé aux Israéliens qui est le patron, et qui verse des milliards de dollars chaque année.

 

Pour faire passer le message, deux fonctionnaires de l’administration Obama restés anonymes ont déclaré à la presse la semaine dernière qu’Israël finançait et formait des terroristes iraniens pour tuer des scientifiques du nucléaire, dont cinq ont été assassinés depuis 2007. Cette « fuite » était une autre façon de montrer aux Israéliens qu’Obama est résolu, et peut-être aussi qu’il ne veut pas d’assassinats en ce moment, ce qui pourrait augmenter les risques d’une escalade et d’une guerre.

La mauvaise nouvelle, c’est que l’administration Obama, avec l’aide des grands médias, prépare toujours le terrain pour une éventuelle guerre avec l’Iran dans le futur - tout comme le président Bill Clinton avait ouvert la voie à l’invasion de l’Irak par son successeur. Les membres du Congrès, poussés fortement par le lobby de l’AIPAC et les néo-conservateurs, tentent également de rendre la guerre inévitable en rendant impossible la diplomatie. C’est là une guerre que le monde se doit de prévenir.

 

Mark Weisbrot est le Co-Directeur du Center for Economic and Policy Research (CEPR), situè à Washington.

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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 11:28

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« On peut vous refuser une assurance en raison d’ une recherche effectuée avec Google sur un type de maladie. On peut vous donner une carte bancaire avec une limite de crédit plus basse, non à cause de vos antécédents de crédit, mais en raison de votre race, sexe ou code postal ou des types de sites Web que vous visitez. » Lori Andrews, professeur de droit à Chicago, décrit l’extension incessante des méthodes d’espionnage de la vie privée sur le web, nouvelle forme de surveillance technologique panoptique, autorisant toutes les dérives, et contre laquelle les utilisateurs sont pratiquement dépourvus de recours .

 


Facebook a déposé la semaine dernière auprès du gouvernement les documents qui lui permettront d’émettre des actions en bourse. On estime sa valeur à au moins 75 milliards de dollars. Mais contrairement à d’autres sociétés importantes cotées en bourse, elle ne vend aucun widget, gadget, automobile ou téléphone. Le stock de produits de Facebook, ce sont les données personnelles - les vôtres et les miennes - qu’elle a recueillies.

Facebook gagne de l’argent en vendant des espaces publicitaires aux entreprises qui souhaitent nous contacter. Les annonceurs choisissent des mots clés ou des détails - comme le statut familial, la géolocalisation, vos activités, vos livres préférés et votre profession - puis Facebook vous envoie des publicités ciblées et gagne ainsi 845 millions de dollars. Si vous indiquez que vous aimez les cakes au raisin, vivez dans un certain quartier et avez invité des amis, vous pouvez vous attendre à ce que l’annonce d’une boulangerie de proximité apparaisse sur votre page internet. L’ampleur de l’information en ligne que Facebook détient sur chacun de nous pour faire du ciblage marketing est impressionnante. En Europe, les lois donnent la possibilité aux gens de savoir ce qu’ont stocké les entreprises à leur sujet, mais ce n’est pas le cas aux États-Unis.

Facebook a réalisé 3,2 milliards de dollars en recettes publicitaires l’année dernière, soit 85 % de son chiffre d’affaire total. Pourtant, le stock des données accumulées et les revenus de publicité de Facebook sont faibles, comparativement à d’autres compagnies. Google a gagné 10 fois plus, soit environ 36,5 milliards de dollars de recettes publicitaires en 2011, en analysant ce que les utilisateurs ont envoyé sur Gmail, ce qu’ils ont cherché sur le Web, et en utilisant ces données pour vendre des annonces ciblées. Des centaines d’autres entreprises ont également stocké des données en ligne sur chaque citoyen grâce aux logiciels qui enregistrent sur votre ordinateur ce qu’on appelle des « cookies », ou d’autres mécanismes de suivi présents sur les ordinateurs de chaque utilisateur, voire sur leurs navigateurs internet. Si vous avez mentionné de l’anxiété dans un courriel, fait une recherche sur Google pour « stress » ou utilisé un site médical en ligne qui vous permette de surveiller votre humeur, vous pouvez vous attendre à recevoir des publicités pour des médicaments ou des propositions de services pour traiter votre anxiété.

Les annonces pop-up sur votre écran peuvent sembler utile ou être une nuisance. Mais elles sont beaucoup plus que cela. Ces petits octets et ces petites choses décrivant votre vie peuvent facilement être utilisés contre vous. Si vous voulez obtenir un crédit, une assurance, les banques ou assurances peuvent effectuer une recherche dans ces données - et vous ne saurez peut-être jamais pourquoi ce crédit cette ou assurance vous ont été refusés.

Ces bases de données en ligne ont été utilisées contre des citoyens qui luttent pour conserver la garde de leurs enfants ou lorsque quelqu’un se défend dans une affaire criminelle. LexisNexis met en vente un produit appelé Accurint for Law qui donne au gouvernement des informations sur ce que les gens font sur les réseaux sociaux. Le Fisc recherche des preuves sur les fraudeurs de l’impôt sur le revenu sur Facebook et MySpace. « L’ United States Citizenship » et les Services de l’Immigration ont utilisé également Facebook et MySpace pour examiner les photos et les messages dans le but de confirmer ou d’infirmer la réalité de relations entre individus ou écarter les mariages blancs. Les employeurs décident parfois s’il faut embaucher telle personne en se basant notamment sur ses profils en ligne : une étude indique que 70 % des recruteurs et professionnels des ressources humaines aux Etats-Unis ont rejeté des candidats sur la base de l’analyse de leur « moi numérique ». Une société appelée Spokeo recueille des données en ligne pour les employeurs, le public et quiconque le désire. La société publie même des annonces de type « Recrutement Ressources Humaines - cliquez ici maintenant ! », qui proposent aux femmes d’envoyer les adresses de messagerie de leurs compagnons dans le but d’analyser ses photos en ligne et ses activités sur internet afin de répondre à la question « Triche-t-il avec vous ? »

Les visions stéréotypées du monde prospèrent dans ces bases de données. Votre demande de crédit pourrait être refusée non sur la base de votre situation financière ou de vos antécédents de crédit, mais sur la base de données agrégées indiquant ce qu’ont fait les autres personnes dont les préférences et aversions sont semblables aux vôtres. Si les joueurs de guitare ou les couples qui divorcent sont plus susceptibles de ne pas payer leurs factures de carte de crédit, le fait que vous ayez regardé des annonces de guitare ou envoyé un courriel à un avocat pour un divorce peut entraîner qu’un agrégateur de données vous classe comme « moins solvable ». Un résident d’Atlanta a constaté qu’au retour de sa lune de miel, son plafond de crédit avait été abaissé de 10 800 à 3 800 dollars. Cette révision n’était pas fondée sur quoique ce soit qu’il aurait fait, mais sur des données agrégées. Une lettre de la compagnie l’a informé que « les autres clients qui ont utilisé leur carte dans les établissements où vous l’avez fait récemment ont un passé de mauvais payeur avec American Express. »

Même si les textes de loi permettent de contester de faux renseignements dans les évaluations de crédit, il n’existe aucune loi exigeant des agrégateurs de données de révéler ce qu’ils savent sur vous. Si j’ai googlé « diabète » pour un ami ou « drogues du viol » pour un livre que j’écris, les agrégateurs de données assument que ces recherches reflètent ma propre santé et mes propensions personnelles. Parce qu’aucune loi ne réglemente quels types de données ces agrégateurs peuvent collecter, ils établissent leurs propres lois.

En 2007 et 2008, la société de publicité en ligne NebuAd a établi des contrats avec six fournisseurs de services Internet pour installer sur leurs réseaux un matériel informatique destiné à suivre les activités de leurs clients et transmettre ces données à des serveurs de NebuAd pour analyse et utilisation à des fins de marketing. Pendant six mois, NebuAd a copié chaque e-mail, chaque recherche sur le Web ou les achats sur Internet de quelques 400 000 personnes. Une autre entreprise, Healthline Networks Inc., a défini en interne des limites sur les renseignements personnels qu’elle recueillera. Healthline n’utilise pas les informations sur les recherches effectuées sur google, yahoo ..., liées à l’impuissance ou aux troubles de l’alimentation dans l’objectif de diffuser des publicités ciblées pour ces personnes, mais elle utilise les informations sur les troubles bipolaires, ceux de la vessie, ou l’anxiété, qui peuvent être encore plus stigmatisants.

. Dans les années 1970, John McKnight, professeur de Communication à l’Université de Northwestern, a popularisé l’expression « ligne rouge » pour décrire le comportement des banques, assureurs et autres institutions qui n’offraient pas leurs services dans certains quartiers des villes. Le terme provenait de la pratique de responsables de banque ayant dessiné une ligne rouge sur une carte indiquant les endroits où ils ne voulaient pas accorder de prêt. Mais l’usage de cette terminologie a été étendu à un large éventail de pratiques, telles que par exemple la discrimination raciale, le refus de prêts immobiliers aux afro-américains, même lorsque ceux-ci sont aisés ou appartiennent à la classe moyenne.

Aujourd’hui la carte utilisée dans les bases de données n’est pas une carte géographique, mais celle de vos voyages sur le Web. Le terme « Web-lining » décrit cette pratique consistant à refuser aux clients telle ou telle possibilité en se basant sur leur « moi numérique ». On pout vous refuser une assurance en raison d’ une recherche effectuée avec Google sur un type de maladie. On peut vous donner une carte bancaire avec une limite de crédit plus basse, non à cause de vos antécédents de crédit, mais en raison de votre race, sexe ou code postal ou des types de sites Web que vous visitez.

La collecte de ces données a également des implications sociales. Lorsque les jeunes dans les quartiers pauvres sont bombardés de messages publicitaires pour les écoles de commerce, seront-ils plus enclins à renoncer à l’Université que d’autres jeunes de leur âge ? Et lorsqu’on présente aux femmes des articles sur les célébrités plutôt que les tendances du marché boursier, seront-elles moins susceptibles de développer une certaine aptitude en la matière ? Les annonceurs limitent ainsi les possibilités de chacun en leur faisant jouer les rôles que chacun s’attend à les voir tenir.

Les pratiques des agrégateurs de données entrent en conflit avec la volonté de la population. Un sondage de Consumer Reports réalisé en 2008 auprès de 2 000 personnes a révélé que 93 % des sondés estimaient que les entreprises liées à Internet devraient toujours demander leur permission avant d’utiliser des renseignements personnels, et 72 % voulaient qu’un droit à se retirer du « suivi en ligne » soit mis en place. Une étude de Princeton Survey Research Associates de 2009 a révélé que 69 % des citoyens pensaient que les États-Unis devraient adopter une loi pour donner aux gens le droit d’apprendre tout ce qu’un site Web connaît d’eux. Nous avons besoin d’une loi-anti-surveillance, semblable à celle qui été adoptée pour protéger des appels téléphoniques publicitaires. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de s’assurer que mon repas ne sera pas interrompu par un télévendeur. Il s’agit de s’assurer que mes rêves ne soient pas anéantis par la collecte de bits et d’octets sur lesquels je n’ai aucun contrôle et sur lesquels les entreprises n’ont actuellement aucune limitation.

par Lori Andrews, New York Times, 4 février 2012

Lori Andrews est professeur de droit au Chicago-Kent College of Law et auteur de « Je sais qui vous êtes et j’ai vu ce que vous avez fait : réseaux sociaux et mort de la vie privée. »


Publication originale NYT 
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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 11:22

« Même les plus favorables à l’autonomie dénoncent aujourd’hui l’investissement financier insuffisant qui oblige les universités à geler des postes, fermer des formations, réduire les heures de cours aux étudiants ou stopper leurs investissements. Une trentaine d’universités sont déjà en grande difficulté et leur nombre ne va pas cesser d’augmenter. » Anne Fraïsse interpelle François Hollande sur ses annonces concernant l’enseignement supérieur, y lisant une absence de remise en cause des orientations décidées par le pouvoir actuel.

 

 

Les premiers axes de votre programme en matière d’enseignement supérieur nous consternent et nous voulons vous faire part de notre surprise et de notre colère devant les orientations que l’on annonce.

Êtes-vous trompé à ce point sur les attentes de ceux qui vous soutiennent pour croire qu’ils souhaitent vous voir poursuivre la politique qui depuis 5 ans torpille notre enseignement supérieur. Le président sortant a supprimé la formation des maîtres, attaqué le CNRS, mis à mal le réseau universitaire pour lancer une compétition acharnée entre les établissements, créé des dissensions entre universités, organismes de recherche, écoles, IUT, IUFM, rompu tous les équilibres entre les régions, les sites de tailles différentes et les disciplines, privilégiant les uns au gré d’une politique contradictoire, brimant les autres au nom d’une idéologie ultra libérale.

Il vous laisse en guise de projets des dettes pour 25 ans avec les duperies que sont les « plans campus » dont les « Partenariats Public Privé » multiplient par 3 le coût des bâtiments et profitent uniquement aux grandes entreprises de construction et les « Investissements d’avenir ».

Or que nous apportent les premières esquisses de votre programme, quelques aménagements, de l’argent annoncé et au bout du compte la poursuite d’une même direction dont vous ne pouvez ignorer qu’elle mène à l’échec. Croyez-vous réellement que les universitaires pourront se réjouir de vous voir poursuivre une politique qu’ils ont subie de force depuis 5 ans ?

Peut-être faut-il vous interroger sur ceux qui vous conseillent en matière d’enseignement supérieur. On peut s’étonner quand un candidat socialiste recrute ses conseillers parmi ceux qui ont aidé à mettre en place la LRU, ceux qui « dialoguent » aimablement avec Mme Pécresse sur l’avenir de la recherche en France et ont eu la naïveté de croire au marketing de « l’excellence » et de « l’autonomie ».

Depuis quand les « Think Tank », nouveau nom pour les lobbys divers et variés peuvent-ils affirmer tout en gardant l’anonymat, compter parmi eux des présidents d’universités, des universitaires et des chercheurs et faire des propositions au nom d’une gauche qu’ils ne représentent pas ?

Lorsque la gauche s’opposait aux mesures de M. Sarkozy, nous n’étions que 7 présidents dans l’amphi bondé de la Sorbonne et vos conseillers n’y étaient pas, ni eux, ni leurs anonymes soutiens.

Je ne crois pas que depuis la CPU ait basculé à gauche, ni même d’ailleurs qu’elle soutienne ceux qui vous parlent en son nom. Mais peut être la gauche, ou du moins ses dirigeants, a-t-elle changé d’opinion sur les mesures d’un gouvernement de droite et s’apprête-t-elle à les soutenir sans tenir compte des alertes des syndicats, des représentants des personnels, et de la masse de ceux qui font vivre l’enseignement supérieur et la recherche ?

Doit-on vous rappeler que le parti socialiste était contre la LRU, que le président Sarkozy et son équipe présentent comme leur plus belle réussite d’avoir fait passer les universités à l’autonomie, oubliant allégrement que certaines ont payé de 14 semaines de grève cette mesure, et que seuls la force bornée et le refus de toute négociation sont venus à bout de cette résistance.

Avez-vous réalisé ce que veulent dire réellement « Autonomie des universités » et « Investissements d’avenir » pour ne parler que de ces deux mesures ?

-  L’Autonomie des universités : une duperie dangereuse

« Comment voulez-vous que je préfère une université sous tutelle à une université autonome ? » déclarait Axel Kahn en mai 2009. C’est tout le danger de la « com » que d’enfermer les esprits savants dans une dialectique perverse. Mais comment peut-on croire que les universités sont autonomes quand elles doivent maintenant obtenir l’accord préalable de l’État pour voter leur budget alors que ce contrôle était exercé a posteriori lorsqu’elles n’étaient pas autonomes ? Comment croire un instant que les universités sont autonomes lorsque les crédits de fonctionnement sont supprimés au profit de financements « sur projets » qui font d’elles les prestataires de service d’une politique définie par d’autres ?

Même les plus favorables à l’autonomie dénoncent aujourd’hui l’investissement financier insuffisant qui oblige les universités à geler des postes, fermer des formations, réduire les heures de cours aux étudiants ou stopper leurs investissements. Une trentaine d’universités sont déjà en grande difficulté et leur nombre ne va pas cesser d’augmenter. Pour ceux qui à gauche ont dénoncé cette mesure nous savons qu’il s’agit d’une duperie totale. Les universités sont victimes, comme en leur temps les collectivités territoriales d’un transfert de charges sans transfert des moyens. La masse salariale est sous-estimée, les prestations sociales forfaitisées à un taux bien inférieur à leur coût réel et de nouvelles dépenses sont imposées : certification des comptes, paiement à la Trésorerie Générale des bulletins de salaires, etc.

-  Les investissements d’avenir : une politique absurde

Le 2nd tour des Idex enfin achevé, on voit apparaitre dans toute sa splendeur l’aberration du système mis en place et sa crétinerie absolue. Vouloir créer de toute pièce 8 sites d’excellence ne pouvait que mener à l’impasse où nous sommes.

À peine les résultats connus, le ministre explique déjà que bien sûr il va falloir faire quelque chose pour Lyon et peut être aussi pour Lille, tant leur absence apparait criante. Ensuite on aura Grenoble, Montpellier, l’Idex lorrain, les 17 projets de la 1ère vague, et comme cela avait été dit d’avance toutes les plus grandes villes de France. Point n’était besoin d’un jury international, d’ailleurs soigneusement noyauté par des proches du pouvoir, pour inventer cela.

Le système est gangrené dès l’origine : il crée des injustices et des déséquilibres et surtout il remplace des financements récurrents destinés à assurer les missions fondamentales des universités par des appels à projet épuisants et réducteurs.

Oui, Monsieur Hollande, vous avez raison d’affirmer que la jeunesse et l’éducation doivent être au cœur du projet pour la France et vous savez pouvoir compter sur l’enthousiasme des personnels d’éducation de l’école maternelle jusqu’à l’université dans ce projet. Mais c’est à une rupture radicale qu’il faut s’atteler, en cessant d’opposer enseignement et recherche pour replacer les étudiants au cœur du dispositif, en restituant aux personnels d’enseignement les moyens d’étudier et de travailler, en luttant contre la précarisation et la paupérisation des personnels IATSS, en redistribuant plus équitablement les crédits entre les différents établissements.

Oui, Monsieur Hollande, Axel Khan peut dire qu’il préfère une université autonome à une université sous-tutelle, pour ma part je préfère tout simplement un service public de l’enseignement supérieur et de la recherche et une université d’Etat au service de la France.


Source Sauvons l’Université

 

Référence
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3205
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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 11:10

L’hôpital de Kilkis en Grèce est maintenant sous contrôle ouvrier. Les travailleurs hospitaliers ont déclaré que les problèmes du Système national de santé (ESY) duraient depuis trop longtemps et ne pouvaient être résolus.

Les travailleurs ont réagi à l’orientation fasciste du régime en occupant l’hôpital et le plaçant sous leur contrôle total et direct. Toutes les décisions seront dorénavant prises par une Assemblée générale des travailleurs.

L’hôpital a considéré que « le gouvernement ne s’est pas acquitté de ses responsabilités financières. Si ses revendications n’étaient pas satisfaites, les travailleurs se retourneront vers la communauté locale et au-delà pour avoir le soutien le plus large possible afin de sauver l’hôpital, défendre la santé publique et gratuite, renverser le gouvernement et toute politique néolibérale. »

À partir du 6 février, les travailleurs hospitaliers n’assureront que les urgences tant que leurs salaires et les sommes qui leur sont dues ne seront pas payées. Ils demandent aussi un retour aux salaires antérieurs à la mise en place des mesures d’austérité.

La prochaine Assemblée générale aura lieu le 13 février et une conférence de presse sera donnée le 15. La déclaration suivante a été adoptée par les travailleurs

1. Nous constatons que les problèmes actuels et récurrents du ESY (Système national de santé) et des organisations apparentées ne peuvent être résolus avec des revendications spécifiques et isolées ou réduites à nos intérêts particuliers dans la mesure où ces problèmes sont le résultat d’une politique anti-populaire de notre gouvernement et du néolibéralisme mondial.

2. De même, nous constatons qu’en insistant sur la promotion de ce type de revendications, nous faisons le jeu d’un pouvoir brutal. Ce pouvoir qui, pour faire face à son ennemi — le peuple — fragilisé et divisé, cherche à empêcher la formation d’un front unitaire des travailleurs et du peuple à l’échelle nationale et internationale avec des intérêts communs et des revendications contre l’appauvrissement social que les politiques de ce pouvoir génèrent.

3. Pour cette raison, nous plaçons nos revendications spécifiques dans un cadre général d’exigences politiques et économiques qui sont posées par une grande proportion du peuple grec qui subit l’offensive la plus brutale du capitalisme ; pour qu’elles soient victorieuses, nos revendications doivent s’inscrire dans la coopération avec les classes moyennes et populaires de notre société.

4. La seule façon d’y parvenir est de questionner dans l’action, non seulement sa légitimité politique, mais aussi la légalité de ce pouvoir anti-populaire autocratique et arbitraire qui avance vers le totalitarisme à une vitesse accélérée.

5. Les travailleurs de l’hôpital de Kilkis répondent à ce totalitarisme par la démocratie. Nous occupons l’hôpital public et le plaçons sous notre contrôle direct et total. L’hôpital de Lilkis sera désormais auto-gouverné et le seul moyen légitime de prise de décisions sera l’Assemblée générale des travailleurs.

6. Le gouvernement n’est pas affranchi de ses obligations économiques en dotation de personnel et d’approvisionnement de l’hôpital, mais s’il continue d’ignorer ces obligations, nous serons obligés d’informer la population de la situation et de s’adresser aux collectivités locales, mais surtout à la société civile pour nous soutenir pour :

(a) la survie de notre hôpital ;

(b) le soutien au droit à la santé publique et gratuite ;

(c) le renversement, à travers une lutte populaire, du grouvernement actuel et de toute politique néolibérale, d’où qu’elle vienne ;

(d) une profonde et substantielle démocratisation, qui permettra à la société et non à des tiers de prendre les décisions relative à son avenir.

7. Le syndicat de l’hôpital de Kilkis commencera, à partir du 6 février, un arrêt de travail en n’assurant que les urgences jusqu’au paiement complet des heures travaillées et le retour de nos salaires aux niveaux où ils étaient avant l’intervention de la Troïka (UE-BCE-FMI). Pendant ce temps, comprenant parfaitement notre mission sociale et nos obligations morales, nous protégerons la santé des citoyens qui viennent à l’hôpital en fournissant des soins gratuits à ceux qui en ont besoin, appelant le gouvernement à prendre ses responsabilités en espérant qu’il renoncera, même à la dernière minute, à sa brutalité sociale.

8. Nous décidons qu’une nouvelle Assemblée générale se tiendra lundi 13 février dans l’amphithéâtre du nouveau bâtiment de l’hôpital à 11 heures afin de décider les moyens à mettre en œuvre pour réaliser efficacement l’occupation des services administratifs et l’auto-gouvernance de l’hôpital qui démarrera à compter de ce jour. L’Assemblée générale se tiendra quotidiennement et sera l’instance essentielle de la prise de décision concernant les employés et le fonctionnement de l’hôpital.

Nous appelons à la solidarité du peuple et des travailleurs de tous secteurs, à la coopération de tous les syndicats et organisations progressistes, au soutien des médias qui choisissent de dire la vérité. Nous sommes déterminés à poursuivre notre mouvement jusqu’à ce que les traîtres qui vendent notre pays et sa population s’en aillent. Ce sera eux ou nous !

Les décisions ci-dessus seront rendues publiques par une conférence de presse à laquelle tous les médias locaux comme nationaux seront invités le mercredi 15 février à 12 heures 30. Nos assemblées quotidiennes débuteront le 13 février. Nous informerons les citoyens de tout évènement important dans notre hôpital par des communiqués et des conférences de presse. En outre, nous utiliserons tous les moyens possibles pour populariser ces évènements afin que cette mobilisation réussisse.

Nous appelons

a) Nos concitoyens à se solidariser avec notre action,

b) Tout citoyen injustement traité de notre pays à la contestation et à l’opposition active contre ses oppresseurs,

c) Nos collègues des autres hôpitaux à prendre des décisions similaires,

d) Les salariés d’autres secteurs, public comme privé, et les adhérents des organisations syndicales et progressistes à agir de même, afin que notre mobilisation prenne la forme d’une résistance ouvrière et populaire, d’un soulèvement jusqu’à notre victoire finale contre l’élite politique et économique qui opprime le monde notre pays et le monde entier.

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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 17:04

tym.jpgLa baisse des salaires exigée par la Troïka enfoncerait encore plus profondément la Grèce dans la récession et la pauvreté, écrit l’économiste Tim Duy, qui se demande si cette politique « draconienne », consistant à appauvrir tout un peuple faute de pouvoir dévaluer sa monnaie, sera ensuite imposée au Portugal, à l’Espagne et à l’Irlande. De quel droit s’interroge-t-il, peut-on « jeter des citoyens européens - tout un peuple - dans la pauvreté ? A quel moment cela devient-il une question relevant des droits de l’homme ? » --- Non, contrairement à ce que déclarent Sarkozy et Merkel, l’Europe n’est pas « sauvée ». Bien au contraire, elle sacrifie aujourd’hui son « âme », son projet fondateur d’un espace de mieux vivre partagé, sur l’autel de la créance, en choisissant pour des raisons comptables à courte vue de plonger dans la misère tout un peuple, de tolérer des taux de chômage des jeunes avoisinant les 50% dans plusieurs pays. Ce n’est pas un hasard, si Martin Wolf a mentionné hier dans Le Monde Heinrich Brüning, dernier Chancelier de la République de Weimar, dont la désastreuse politique de déflation a propulsé Hitler au pouvoir. L’Europe a appris au prix fort que misère, désespoir et démocratie ne font pas bon ménage. Ce fut l’ardente obligation ayant présidé à la refondation du contrat social de l’après guerre : éradiquer les causes du désastre. Hélas, nos dirigeants de l’heure paraissent avoir oublié cette terrible leçon. On se prépare aujourd’hui à saigner à mort la Grèce pour la « guérir » - à enterrer du même coup ce qui reste de l’idéal européen, en prenant le risque insensé de réveiller les vieux démons.

 

 

Par Tim Duy, Economist’s View, 6 février 2012 - extrait

À l’automne 2008, les autorités américaines ont mené une expérience avec les marchés financiers. Ils ont permis qu’une grande entreprise, fortement interconnectée - Lehman Brothers - dépose son bilan, apparemment convaincues que les conséquences seraient limitées, que tout le monde savait ce qui allait arriver. Rétrospectivement, je pense que les responsables américains auraient préféré choisir une autre solution. L’expérience n’a pas été vraiment concluante.

Il apparaît aujourd’hui que les responsables européens soient prêts à courir le risque d’une autre expérience semblable. Ils peuvent sans doute encore tirer un accord de leur chapeau, mais la situation entre la troïka et la Grèce commence à ressembler à ce qu’on appelle dans une procédure de divorce des « différences irréconciliables ».

Pour la Grèce, cela n’aurait aucun sens d’accepter un accord qu’elle sait voué à l’échec dès le départ. D’autant plus que les termes de cet accord, incluant une forte baisse des salaires destinée à améliorer la compétitivité - rendent virtuellement certain que l’économie grecque plonge encore plus profondément dans la récession.

Fondamentalement, le problème est toujours le même - tout programme d’ajustement convenable inclut un bâton et une carotte. La carotte prend habituellement pour partie la forme d’une dévaluation de la devise, qui accélère le processus d’ajustement en provoquant une relance des exportations. L’élan fourni ainsi à court terme permet à des changements structurels d’agir. L’approche vis-à-vis de la Grèce n’a toujours comporté que le bâton - plus d’austérité et de réformes structurelles - pas de carotte.

Et je dois avouer que je considère la baisse contrainte des salaires comme une solution draconienne. Est-ce que cette politique finira par être appliquée à l’Espagne, au Portugal et à l’Irlande ? Est-ce l’avenir la politique économique de la zone euro ? Il y a deux façons de réduire les déséquilibres de compétitivité. Augmenter les salaires allemands, ou baisser tous les autres. La première solution est à mon avis bien plus plaisante que la seconde.

À vrai dire, je pense honnêtement que la Grèce est au-delà d’un éventuel sauvetage, à moins que ne lui soit accordé un transfert de fonds significatif - et non pas un prêt - qui permette de gagner du temps pour que l’économie grecque puisse s’adapter. C’est la seule façon de compenser l’absence d’un ajustement par la variation du cours des devises, et c’est la conclusion que je souhaite que la Troïka finisse par tirer. Mais je commence également à penser que la BCE a rendu la Troïka trop confiante. Lorsque la BCE a finalement accepté de jouer le rôle de prêteur de dernier ressort, tout au moins pour le système financier, ce qui est en réalité le travail d’une banque centrale, elle a fait considérablement baisser le stress sur les marchés financiers dans toute l’Europe. Mais ces tensions fournissaient cependant un levier d’action sur la Grèce. Sans cette contrainte, la troïka semble penser que la Grèce est acculée et n’a d’autre issue que de se soumettre à ses exigences.

C’est un jeu dangereux. Il arrive parfois qu’une personne acculée lance une attaque suicide contre ses agresseurs. Et peut-être que la Grèce n’a plus rien à perdre à ce point. A coup sûr, elle subirait un choc dévastateur si elle quittait l’euro, mais au moins ce serait un choix décidé de l’intérieur, à l’inverse du choc dévastateur de l’austérité imposée par la troïka.

Et, puisque nous y sommes, quel est exactement le précédent de la politique que la troïka tente d’appliquer ? Serait-il acceptable de jeter des citoyens européens - tout un peuple - dans la pauvreté ? A quel moment cela devient-il une question relevant des droits de l’homme ?

En tout état de cause, je ne pense pas que les marchés financiers soient vraiment prêts à ce que la Grèce lance une attaque suicide. Pourquoi le seraient-ils ? Cette histoire ressemble à celle de l’enfant qui criait au loup. Chaque fois que nous arrivons au bord du précipice, et que l’on prévoit l’apocalypse, quelqu’un fait marche arrière. Pourquoi cela serait-il différent cette fois ? Honnêtement, il est difficile d’argumenter contre cette logique. Les alertes sur une crise financière imminente n’ont jamais été suivies d’effet, ce qui a laissé les marchés relativement non concernés par les événements les plus récents en Grèce. Peut-être que les interventions de la BCE ont été suffisantes pour que la Grèce puisse sortir de l’euro sans faire beaucoup de bruit.

Ce serait une expérience intéressante à suivre. Je suis curieux de savoir si la BCE en a effectivement fait assez. Mais pas assez curieux, toutefois, pour vouloir courir un tel risque. L’histoire du garçon qui criait au loup se termine plutôt mal.

 

Tim Duy est économiste, ancien fonctionnaire du Département du Trésor, professeur à l’Université de l’Oregon. Ses tribunes sont publiées par l’EconoMonitor de Nouriel Roubini.


Publication originale Economist’s View
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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 16:45

claude-geant.jpgLe président de France terre d’asile dénonce une « stratégie de transgression » qui contribue à « déchire[r] chaque jour un peu plus le pacte républicain. »

 

Par Pierre Henry, directeur général de France « terre d’asile, 6 février 2012


Claude Guéant aime les dérapages contrôlés vers l’extrême droite. C’est son travail et il le fait avec constance et sang froid, quitte à passer pour un inculte en assimilant civilisation et extrémisme religieux, ou un naïf (les propos d’un colloque ne sont pas destinés à sortir à l’extérieur).

Cette stratégie de transgression linguistique et médiatique, qui est la marque du quinquennat de Nicolas Sarkozy (discours de Dakar, de Grenoble, débat sur l’identité nationale) pose un grave problème à la République en ce qu’elle banalise et diffuse en son sein à une philosophie de comptoir qui prône des théories racialistes de manière très décomplexée. C’est ainsi que dans un contexte de crise sociale très dure, se déchire chaque jour un peu plus le pacte républicain et se fragmente le lien social.

En banalisant le discours de l’extrême droite, Claude Guéant donne l’idée de la société qu’il prône. C’est sur ce terreau que se construit toujours un régime autoritaire, que se limitent les libertés individuelles et collectives, et que se dégrade l’image de la France dans le monde. Mais de tout cela, le locataire de Beauvau n’en a cure. Il récidivera sans sourciller, soyons en certains, avec constance d’ici au 6 mai 2012.

Il revient maintenant au peuple de France d’infliger à ceux qui le représentent la plus efficace des sanctions, la sanction démocratique.

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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 16:34

grece1.jpgLa Grèce, qui avait été contrainte de « prêter » à l’Allemagne les sommes finançant les troupes d’occupation, est le seul pays allié à n’avoir pas reçu de dommages de guerre. 28 députés grecs demandent la réouverture du dossier, et estiment à 54 milliards avant intérêts le montant dû par l’Allemagne.

 

Vingt-huit députés ont déposé une proposition de loi au Parlement ce jeudi, demandant un débat sur l’ « emprunt d’occupation » payé par le gouvernement collaborationniste grec à l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale ainsi que sur la question de réparations pour les victimes des atrocités nazies et les trésors nationaux pillés.

 

La proposition, signée par des députés de Pasok, de la Nouvelle Démocratie (ND), de la Coalition de la gauche radicale (Syriza) et des députés indépendants, demande que ces questions soient débattues en présence des ministres des finances, des affaires étrangères, de la défense, de la justice ainsi que représentants de toutes les parties intéressées.

Les signataires appelent également le Parlement à adopter une position claire sur ce qu’ils décrivent comme un « enjeu national essentiel ».

Ces 28 députés soulignent que lors d’une conférence italo-allemande qui s’est tenue à Rome en 1942, les puissances de l’Axe avaient arbitrairement décidé que la Grèce occupée, qui avait combattu sur le côté des Alliés, serait contrainte à financer l’occupation du pays par le biais d’un « prêt » .

Les députés affirment que l’Allemagne désormais réunifiée doit à la Grèce, qui fait partie des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, environ 54 milliards d’euros avant intérêts, soulignant que le pays a été victime de la cruauté inégalée infligée par les forces nazies.

Les signataires considèrent que la Grèce a fait l’objet d’une injustice flagrante, car elle est le seul pays auquel l’Allemagne n’a pas payé de réparations.

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 19:02

ogm.jpgDe nouveaux câbles diplomatiques américains publiés par Wikileaks révèlent une offensive concertée - en lien étroit avec le gouvernement espagnol - allant jusqu’à des représailles, pour obtenir que l’UE revienne sur ses décisions concernant les OGM. Au premier rang des « coupables » la France était tout particulièrement ciblée. Les USA ont également déployé de nombreux efforts en direction du Vatican, espérant obtenir du Pape une déclaration publique en faveur des OGM. On découvre aussi dans ces documents que diplomates, gouvernement et dirigeants de Monsanto travaillaient main dans la main sur cet dossier jugé comme « stratégique » pour les USA.

 

L’ambassade américaine à Paris a recommandé à Washington de déclencher une offensive de guerre commerciale contre tout pays de l’Union Européenne s’opposant à l’introduction des organismes génétiquement modifiés (OGM), révèlent de nouveaux câbles diplomatiques publiés par Wikileaks.

En réponse à la décision de la France d’interdire une variété de maïs OGM de Monsanto, fin 2007, l’ambassadeur, Craig Stapleton, ami et partenaire en affaires de l’ancien président américain George Bush, a demandé à Washington de pénaliser l’Union européenne et en particulier les pays qui n’approuvent pas l’utilisation des cultures OGM.

« L’équipe de Paris recommande que nous élaborions une liste de représailles ciblées, qui provoqueraient quelques douleurs à l’UE - puisqu’il s’agit d’une responsabilité collective - mais qui se focaliseraient également en partie sur les pires [sic] coupables.

« Cette liste devrait [inclure des propositions] qui soient mesurées plutôt que brutales et pouvant être durable sur le long terme, car nous ne devons pas nous attendre à une victoire rapide. En effectuant des représailles il sera clair que la voie suivie actuellement implique des coûts réels pour les intérêts européens, et cela pourrait aider à renforcer les voix européennes qui sont en faveur des biotechnologies », écrivait Stapleton, qui détenait en co-propriété avec Bush l’équipe baseball de Dallas / Fort Worth des Texas Rangers dans les années 1990.

Dans d’autres câbles récemment publiés, on apprend que des diplomates américains du monde entier ont promu les cultures OGM, vues comme un enjeu stratégique pour l’Amérique et son commerce extérieur.

De nombreux évêques catholiques dans les pays en développement étant farouchement opposés à ces cultures controversées, les Etats-Unis ont exercé des pressions visant tout spécialement les conseillers du pape.

Les câbles de l’ambassade américaine au Vatican montrent que les Etats-Unis estimaient que le pape était devenu globalement favorable aux cultures OGM, après une campagne d’intense lobbying sur les conseillers Saint-Siège, mais regrettaient toutefois qu’il n’ait pas encore déclaré publiquement son soutien. Le conseiller spécial sur les biotechnologies du Département d’Etat américain et des conseillers du gouvernement sur les biotechnologies ont fait pression pour convaincre des membres du Vatican de persuader le pape prendre position publiquement.

« Il existe des possibilités de faire avancer cette question avec le Vatican, et ensuite d’influencer un large part de la population en Europe et dans le monde en développement », indique un câble.

Ces câbles montrent également les diplomates américains travaillant directement pour des compagnies comme Monsanto. « En réponse aux récentes demandes urgentes de Josep Puxeu [ ministre espagnol chargé de l’agriculture ] et de Monsanto, le gouvernement américain a renouvelé son soutien à la position de l’Espagne [...] sur les biotechnologies agricoles par le biais d’intervention à haut niveau du gouvernement américain. »

Il ressort également que l’Espagne et les Etats-Unis ont travaillé en lien étroit pour persuader l’UE de ne pas renforcer les lois sur les OGM. Dans un câble de l’ambassade de Madrid, on lit : « Si l’Espagne tombe, le reste de l’Europe va suivre. »

Les câbles montrent que le gouvernement espagnol a non seulement demandé aux Etats-Unis de maintenir la pression sur Bruxelles mais que les Etats-Unis savaient à l’avance comment voterait l’Espagne, avant même que la Commission espagnole de biotechnologie ne l’ait indiqué.

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 18:53

afghan.jpgCette étude indique que les soldats américains exaspèrent leurs collègues afghans par leur arrogance extrême et leur « comportement brutal ».

Elle critique également sévèrement l’affirmation « profondément malhonnête intellectuellement » de l’OTAN selon laquelle les meurtres de soldats de l’Alliance par des soldats afghans seraient extrêmement rares.

Les données recueillies montrent que les incidents tels que le meurtre récent de quatre soldats français « révèlent une menace permanente, en forte augmentation, [d’actions] homicides (d’une importance qui pourrait être sans précédent entre « alliés » dans l’histoire militaire moderne) ».

Elle met en garde sur le fait que ce problème est désormais si grave qu’il « provoque une crise de confiance chez les formateurs Occidentaux qui travaillent avec les forces de sécurité afghanes »

Le rapport, signé par le comportementaliste Jeffrey Bordin, précise que le nombre d’attaques a augmenté, avec 26 meurtres ou tentatives de meurtre depuis le début 2007. Ces attaques ont entraîné la mort de 58 membres des forces étrangères.

Bien que certains de ces incidents impliquaient des talibans infiltrés, Bordin estime que beaucoup ont été provoqués par une « animosité profonde, souvent renforcée par des conflits sociaux et personnels ».

Réalisé à partir d’entretiens avec 613 membres des forces de sécurité afghanes, ce document brosse un tableau extrêmement sombre du mépris mutuel et de l’incompréhension régnant entre les deux parties.

Les troupes américaines considèrent leurs alliés afghans, qu’ils entraînent et qui combattent à leurs côtés, comme indignes de confiance, malhonnêtes, incompétents et ayant une « hygiène répugnante ».

A l’inverse, nombre de bagarres et même de tentatives de meurtre perpétrés par des Afghans ont été provoquées par des comportements que beaucoup d’Américains ne jugent pas choquants, comme « uriner en public », pousser des jurons, insulter, être grossier et vulgaire avec les membres des forces de sécurité afghanes, et tirer sans raison sur des animaux. »

Parmi les facteurs qui créent le plus d’animosité, le rapport énumère les convois militaires américains bloquant la circulation, les ripostes aux insurgés par des tirs apparemment indiscriminés, au risque de tuer des civils, une utilisation naïve de sources de renseignement incertaines, et les raids visant les maisons des Afghans.

Une autre cause d’inquiétude tient au fait que les soldats afghans n’interviennent presque jamais quand un de leurs camarades tente de tuer des soldats de l’Otan.

Ce vendredi, l’ISAF, la force internationale de l’OTAN déployée en Afghanistan, a précisé que cette « étude de l’équipe rouge » avait été réalisée par un organisme extérieur et n’avait pas été approuvée ou entérinée par les responsables qui l’ont lue.

L’ISAF affirme que l’étude souffre « de généralisations non pertinentes, d’échantillons [trop] restreints, d’une rhétorique dépourvue de professionnalisme et de sensationnalisme ».

Dans le jargon militaire, les « équipes rouges » sont des cellules indépendantes chargées de porter un regard critique sur les plans et les opérations.

Un commandant afghan rencontré au sud de l’Afghanistan avait déclaré au Guardian l’année dernière que sa plus grande préoccupation était les soldats pachtounes.

Bien que les Pachtounes forment le groupe ethnique majoritaire, ils sont sous-représentés dans l’armée afghane, alors qu’ils forment l’écrasante majorité des rangs de l’insurrection.

Ce capitaine, lui-même non-pachtoune, avait raconté comment il avait désarmé l’un de ses subordonnés, qui était tellement dégoûté par les soldats Américains qu’il refusait même de les regarder quand il les rencontrait.

Bien que l’armée afghane se soit nettement améliorée ces dernières années, les entretiens menés lors de cette étude avec 215 soldats américains mettent en évidence une longue liste de problèmes persistants. Ces soldats font état « d’un usage omniprésent de drogues illicites, de vols massifs, d’instabilités psychologique, de malhonnêteté, de manque d’intégrité et de compétence, d’un maniement des armes dangereux, d’officiers corrompus, de l’absence de véritables sous-officiers, d’alliances secrètes ou d’accords informels passés avec les insurgés, d’un taux élevé de désertions, d’un moral faible, de paresse, d’une hygiène répugnante et de la torture de chiens. »


Publication originale Guardian

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 18:47

irak.jpg

Communiqué Human Rights Watch, 22 janvier 2012 - extraits

En Février 2011, Human Rights Watch a découvert un centre de détention secret contrôlé par les forces de sécurité d’élite dépendant du Premier ministre Nouri al-Maliki. A Bagdad, ces unités contrôlent également « Honor Camp », une autre installation où des détenus ont été torturés en toute impunité.

« L’Irak retombe rapidement dans l’autoritarisme, avec des forces de sécurité qui maltraitent les manifestants, harcèlent les journalistes et torturent les détenus », déclare Sarah Leah Whitson, responsable de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient. « Malgré les assurances du gouvernement américain, affirmant qu’il avait aidé à la création une démocratie stable, en réalité, il laisse derrière lui un État policier naissant. »

Dans les semaines précédant le dernier convoi de troupes américaines quittant le pays, le 18 décembre, les forces de sécurité irakiennes ont arrêté des centaines d’Irakiens accusés d’être des anciens membres du parti Baas, dont la plupart restent maintenus en détention sans inculpation.

En février 2011, lors des manifestations qui se sont déroulées dans tout le pays en protestation contre la corruption généralisée et qui demandaient plus de droits individuels et politiques, les forces de sécurité ont violemment dispersé les manifestants, tuant le 25 février au moins 12 personnes, et en blessant plus de 100 autres. A Bagdad, ce même jour, les forces de sécurité ont perpétré des violences contre des journalistes et des manifestants sans armes brisant les caméras et confisquant les cartes mémoire.

En Juin, à l’occasion de l’un des pires incidents recensés, des nervis soutenus par le gouvernement, armés de planches de bois, de couteaux et de barres de fer, ont battu et poignardé des manifestants pacifiques et agressé sexuellement des manifestantes, alors que les forces de sécurité se tenaient à proximité et observaient la scène, riant parfois du sort des victimes.

En mai, le Conseil des ministres a approuvé une loi sur la liberté d’expression d’opinion, de réunion et de manifestation pacifique, qui autorise les responsables à restreindre la liberté de réunion afin de protéger « l’intérêt public » et dans l’intérêt de « l’ordre général ou de la moralité publique ». Cette loi attend toujours l’approbation du parlement.

La liberté d’expression ne se porte guère mieux, avec des forces de sécurité qui maltraitent régulièrement les journalistes couvrant les manifestations, à coup de menaces, d’arrestations arbitraires, de violences, de harcèlements, et de confiscations ou de destructions de leur matériel. Le 8 Septembre, un assaillant non identifié a abattu à son domicile de Bagdad Hadi al-Mahdi, un journaliste de radio célèbre, qui avait souvent critiqué la corruption du gouvernement et l’inégalité sociale. Peu avant sa mort, M. Al-Mahdi avait reçu des menaces téléphoniques et plusieurs messages SMS l’avertissant de ne pas retourner sur la place Tahrir de Bagdad, lieu de manifestations hebdomadaires. Auparavant, après qu’il ait assisté à la manifestation de masse du « Jour de colère », le 25 février, les forces de sécurité l’avaient arrêté, lui avaient bandé les yeux, et l’avaient ensuite sévèrement battu, ainsi que trois autres journalistes, lors de l’interrogatoire qui a suivi.

En Janvier 2012, Human Rights Watch constate que les autorités irakiennes sont parvenues à réduire les manifestations anti-gouvernementales de la place Tahrir en submergeant ces protestations hebdomadaires de partisans du gouvernement et d’agents de sécurité en civil. Les militants dissidents et les journalistes indépendants, ont pour la plupart déclaré qu’ils ne se sentaient plus en sécurité en participant à ces manifestations.

« Après plus de six ans de régime démocratique, les Irakiens qui expriment publiquement leurs points de vue le font encore en prenant de grands risques, » ajoute Mme Whitson. « Le meurtre de M. Al-Mahdi souligne que la profession de journaliste continue de faire courir un risque mortel en Irak. »

La brutalité dans les prisons, et la torture dans les centres de détention, sont restées un problème majeur tout au long de l’année. En Février, Human Rights Watch a découvert, dans la base militaire « Camp Justice » de Bagdad, un centre de détention secret contrôlé par les forces de sécurité d’élite qui dépendent des services de M. Al-Maliki. Depuis la fin 2010, les autorités irakiennes ont transféré plus de 280 détenus dans cette base, qui était contrôlée par la 56ème brigade de l’Armée et le Service de lutte contre le terrorisme.

Ces mêmes divisions d’élite contrôlaient « Camp Honor », une autre base située à Bagdad où des détenus ont été torturés avec impunité. Plus d’une douzaine d’anciens détenus de Camp Honor ont déclaré à Human Rights Watch que les détenus ont été gardés au secret et dans des conditions inhumaines, plusieurs mois d’affilée. Ces détenus ont déclaré que leurs interrogateurs les avaient battu ; pendu par les pieds pendant des heures ; leur avaient administré des chocs électriques sur différentes parties du corps, y compris les organes génitaux, et à plusieurs reprises leur avaient mis des sacs en plastique sur la tête jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance par asphyxie.

« Les forces de sécurité en Irak, en particulier dans les centres de détention, violent la loi en toute impunité, et le gouvernement semble trop souvent vouloir détourner son regard », a ajouté Mme Whitson. « Le gouvernement doit s’assurer qu’il y aura de véritables enquêtes et des poursuites pénales à l’encontre des personnes responsables de tortures ou autres mauvais traitements. »


Publication HRW
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