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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 16:21

L’entre-deux tours des municipales de 2014, lancera de délicates négociations sur l’éventuelle fusion des listes, dont l’issue  sur le plan local comme national sera cruciale, plus particulierement pour l’avenir du Front de gauche…

Au soir du 23 Mars, les résultats à peine connus, un seul sujet hantera les listes encore en présente : quelles alliances pour le second tour ?

Les négociations devront s’engager rapidement car la date limite pour déposer les listes est fixée au mardi 25 à 18 heures. Autant dire que la nuit du lundi va être longue pour certain cas.

Petit rappel sur la loi

• Les élections municipales bénéficient d’une législation particulière assez favorable à l’expression démocratique. Les listes ayant obtenues plus de 10% des votants ont la possibilité de se maintenir ou de fusionner. Celles qui ont recueilli entre 5 et 10%, ont le droit de fusionner, mais pas de se maintenir. Dit autrement, si vous avez réalisé 7%, vous ne pouvez être présent au second tour qu’en ayant passé un accord avec une liste qui a réalisé plus de 10% des suffrages au premier. Légalement, la décision de fusionner ou non, et la composition d’une nouvelle liste est du ressort des seules têtes de listes.

• La liste arrivée en tête au second tour empoche automatiquement la moitié plus un des élus : c’est ce qu’on appelle la prime majoritaire. Le reste des élus est réparti à la proportionnelle entre toutes les listes en présence, y compris donc, celle qui a gagné. Exemple, une commune devant pourvoir 41 conseillers municipaux et qui connaît une situation de triangulaire avec pour résultats 40%, 35% et 25% attribuera 29 (21 + 8) conseillers à la liste en tête, 7 à celle ayant obtenu 35% et 5 à la troisième liste. Il s’agit donc d’une proportionnelle toute relative, et l’enjeu de terminer en tête est absolument décisif.

Traditionnellement, au second tour, le rassemblement s’opère suivant la bipolarisation droite/gauche à laquelle vient éventuellement s’ajouter comme troisième protagoniste le Front national. Ce sera à n’en pas douter l’écrasante majorité des cas de triangulaires de l’entre-deux tours. À gauche, fusionner pour battre la droite et l’extrême droite est le réflexe classique. Mais une fois la règle générale énoncée, il convient d’en définir les modalités et les exceptions.

Questions pour des fusions

La première interrogation essentielle portera sur la nature même de l’accord. S’agit-il d’un accord de gestion politique de la ville ou d’une simple fusion "technique". Dans le premier cas, il faudra trouver un point d’équilibre programmatique, se poser la question de la répartition des adjoints avec un principe intangible : le vote du budget comme ligne rouge à ne pas franchir entre partenaires. Dans la seconde hypothèse, face à un adversaire commun, les forces de gauche peuvent se rassembler, mais sans solidarité politique de gestion.

Le Parti socialiste, EELV et le PCF sont en général favorables au premier cas de figure. Pour ces élections et compte tenu de la politique gouvernementale, le Parti de gauche et Ensemble défendront l’autre solution. Pour le NPA et LO, la position adoptée pour ces élections municipales est plus simple : pas de fusion avec le PS.

Il faut ajouter que pour fusionner, il faut être deux et, souvent, c’est le Parti Socialiste qui refusera cette possibilité. À Lyon, le maire Gérard Collomb a déjà annoncé qu’il refuserait de fusionner avec la liste FdG-Gram (une scission locale du PS), et à Paris, si l’accord avec EELV ne fait pas de doute, les tractations avec la liste FdG de Danielle Simonnet sont, eux, hautement aléatoires. Car passer un accord de second tour pose bien des problèmes. Cela suppose de faire de la place sur la liste aux nouveaux venus et donc de toucher à la composition initiale – parfois fruit d’un compromis âprement obtenu. A contrario, refuser une fusion, c’est prendre le risque que les éconduits le fassent savoir et n’appellent pas à voter pour la liste restée en lice. En réalité, seul le rapport de forces issus des urnes déterminera la position de nombre de listes.

Un casse-tête pour le Front de gauche

On l’a compris, il n’existe pas de règles bien établies pour ce deuxième tour. La logique voudrait, par exemple, que la composition des listes du second tour respecte scrupuleusement les résultats du premier tour. Cette approche, à la proportionnelle du poids réel de chacun, est souvent combattue.

Ce deuxième tour pourrait constituer une longue épreuve pour le Front de gauche. Aux divergences d’approche sur la gestion municipale s’ajoute une situation très fragmentée. Dans la moitié des villes de plus de 20.000 habitants, le Parti communiste a fait le choix d’un accord de premier tour avec le Parti socialiste. Dans la plupart de ces villes existe donc une seconde liste de gauche qui rassemble les autres composantes du FdG. L’entre-deux tours peut donc être le moment de la réunification de toutes les forces du FdG au sein d’une seule et même liste. Après des mois de vies séparés, parfois de confrontations, sonnerait l’heure des retrouvailles heureuses. Voilà pour l’approche optimiste, celle du happy end.

L’autre solution envisageable est que dans un nombre significatif de villes, la division initiale perdure. Soit qu’au second tour les différentes forces soient sur des listes concurrentes – ce qui est à peu près assuré dans des villes comme Clermont-Ferrand, Grenoble ou Rennes –, soit pire encore parce que la fusion n’aura pas eu lieu. Dans ce cas, c’est l’unité même du Front de gauche qui serait en jeu.

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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 16:09

C’est le titre d’un article diffamatoire d’André Bezzina qui d’ailleurs passe en correctionnelle lundi prochain. Mais, en réalité, c’est une autre affaire qui a commencé dans la nuit de dimanche à lundi. Une équipe de distributeurs de tracts arrive de Nice Saint-Roch et répand sur les pare-brises des voitures stationnées à Villefranche des copies de vieux articles de Nice-Matin de 2010. Elles évoquent les affaires de Gérard Grosgogeat et surtout une affaire monégasque pour laquelle Jean-Pierre Mangiapan avait été mis en garde a vue. Bien entendu la copie oublie de mentionner que cette affaire a été classée sans suite par le procureur de Nice et par celui de Monaco. Mais en partant sur le principe qu’il n’y a pas de fumée sans feu…

IMG_7614-copie-2.jpg

                        Jean-Pierre Mangiapan présente les procès-verbaux

Un huissier va donc constater la distribution des tracts, mais va aller plus loin en allant chez l’imprimeur niçois. Ce dernier lui confirme que «  la personne qui m’a demandé cette impression des tracts travaille pour le compte de Monsieur Trojani » et il rajoute « La personne qui m’a demandé expressément d’imprimer ces tracts est Monsieur Geay. » On retrouve tout cela dans le procès-verbal de l’huissier.

Jean-Paul Geay est un conseiller municipal d’opposition qui réside la moitié de l’année en Bretagne et le reste du temps à Villefranche. Adjoint aux finances de la première mandature de Gérard Grosgogeat, il soumettra son budget au conseil et votera contre ! Deux mois après il candidatera contre le maire et ne sera pas élu. Il s’est rallié à Christophe Trojani depuis quelques mois.

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  Christophe Trojani et Jean-Paul Geay 

Jean-Pierre Mangiapan publie une lettre ouverte à l’intention de Christophe Trojani où il accuse Jean-Paul Geay d’être l’instigateur de cette manœuvre à quelques jours du scrutin. Il est vrai que si Christophe Trojani ne présente pas ses excuses publiques au premier adjoint, c’est qu’il est clairement le commanditaire de cette basse manœuvre et que Geay n’en était que l’exécuteur. Mais pire encore serait l’hypothèse que Jean-Paul Geay ait agi sans en informer sa tête de liste…

On va d’ailleurs apprendre que ça flingue hard dans les ruelles de la vieille ville : Jean-Pierre Mangiapan serait interdit de séjour à Monaco (il y a son entreprise), sous mandat international à cause des tunisiens (il est le président de France-Tunisie, félicité par le chef d’Etat tunisien pour son soutien et son œuvre) et sa femme serait marocaine (elle est née à Beausoleil !). Décidément les prédictions de Bezzina se confirment avec « Peur sur la ville », mais plus en défaveur de son équipe qu’en celle de son adversaire.

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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 15:59

Le 15 mars 2004, l'Assemblée nationale adoptait une loi interdisant les signes religieux à l'école. Dix ans après, quel bilan peut-on en faire ? Plusieurs militants de gauche lancent un appel à manifester le 15 mars pour réclamer son abrogation. Ils estiment cette loi stigmatisante et source de discrimination.

voile-ecole.jpg

Le 15 mars 2004, un parlement presque unanime décidait, sous couvert de laïcité, d'un véritable coup de force anti-laïque.

 

La laïcité telle qu'elle avait toujours été comprise et pratiquée en France, et telle que la concevaient ses meilleurs spécialistes, était jusqu'alors une obligation de l’État et de ses représentants. Elle visait, d'une part, à prévenir l'imposition d'une nouvelle religion d'État et, d'autre part, à permettre aux citoyennes et aux citoyens de pratiquer librement leur religion.

 

On en venait désormais à imposer des obligations particulières aux élèves des lycées et collèges de l'enseignement public.

 

Une loi qui stigmatise la population musulmane

 

La loi du 15 mars 2004 était censée régler le "problème du foulard à l'école". Le premier effet immédiat de cette loi aura été la déscolarisation de quelques centaines de jeunes filles, dans leur grande majorité issues de milieux populaires.

 

Un effet second aura été le profonde division du corps social. Cette division n'est pas le produit de la loi et son abrogation ne réconciliera pas le corps social. Il faudrait pourtant être aveugle pour ne pas voir que celle-ci a dramatiquement aggravé la situation en légalisant la stigmatisation des musulmans, et plus particulièrement des musulmanes, dans l'espace public.

 

Depuis cette loi, la stigmatisation des musulmanes et des musulmans est devenue pratique d'État. Les appels à la loi, même s'ils n'ont pas toujours été suivis d'effets, se sont multipliés : interdiction du "voile intégral", menaces sur les "nounous voilées", circulaire Chatel interdisant aux mères de famille voilées d'accompagner les sorties scolaires de leurs enfants.

 

Cette dernière circulaire, qui proscrit le port du voile dans l'espace public, hors des écoles, n'a jamais été abrogée malgré l'avis du Conseil d’État qui souligne son écart par rapport à la tradition laïque. N'est-ce pas la preuve – s'il en fallait  – que la loi sert désormais le contraire de ce à quoi elle était destinée ?

 

Elle ne sert plus à garantir la neutralité de l'État, ni à préserver les libertés individuelles. Elle sert à stigmatiser et discriminer les musulmanes et les musulmans.

 

Des mesures qui renforcent le repli sur soi

 

L'un des arguments souvent repris à l'appui de ces lois, règlements et stigmatisations diverses, est le souci de préserver l'égalité entre hommes et femmes : mais ce sont précisément des femmes qui en font les frais. Est-ce en excluant de jeunes femmes de l'enseignement public et laïque que l'on permettra leur émancipation ?

 

L'autre argument souvent utilisé pour justifier cette loi anti-laïque est la lutte contre le "communautarisme". Or, ces mesures ne conduisent au contraire qu'à renforcer les tendances au repli sur soi de populations déjà durement touchées par les conséquences des politiques publiques.

 

(Une manifestation à été organisée à l'initiative du collectif des féministes pour l'égalité (CFPE), le 15 mars 2014, son mot d'ordre : abrogation de la loi du 15 mars 2004 !)

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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 15:44

Plusieurs événements récents, relatifs à la question sahraouie, sont venus entacher les relations franco-marocaines. Quel est l’état actuel de celles-ci ? Le soutien traditionnel de la France au Maroc ne devient-il pas embarrassant pour Paris ? 

maroc-france-drapeau--1-.jpg

 Evidemment, la présentation du documentaire de Javier Bardem – Les Enfants des nuages, la dernière colonie – a un lien direct puisqu’il s’agissait pour l’acteur de dénoncer aussi l’appui inconditionnel de la France au Maroc sur la question du Sahara occidental qui reste effectivement au cœur du dispositif politique et de la politique étrangère de Rabat. Mais, en ce qui concerne le second incident, les liens sont indirects puisqu’un Sahraoui a effectivement porté plainte en France contre le directeur des renseignements marocains.

Concernant le caractère possiblement embarrassant du soutien de la France au Maroc, j’ai le sentiment que les élites politiques françaises ne le vivent pas de cette manière. Elles pensent qu’il y a eu un couac et que celui-ci a été dépassé et que leur soutien, qu’elles qualifient ou non d’inconditionnel, reste inchangé. Les Français ont appuyé la politique marocaine sur le Sahara, c’est-à-dire le plan d’autonomie mis en place en 2007, mais ils ne se soucient pas du tout de savoir si le contenu de ce plan va dans le sens d’une autonomie réelle. Je pense que les incidents sont déjà oubliés et que sur le plan économique et stratégique, l’amitié traditionnelle reprend le dessus, une amitié qui a quand même un caractère exceptionnel dans les relations entre les deux pays. 

Le « Printemps arabe » a-t-il modifié la donne dans les relations franco-marocaines, notamment en ce qui concerne la manière dont est perçue le Maroc en France ?

Encore une fois, l’impact fut indirect. Pour les Français, même si c’était de l’ordre de l’implicite, il existait un bon élève au sud de la Méditerranée et dans le monde arabe : c’était le Maroc qui évoluait à petits pas vers la démocratie, avait une politique d’ouverture et avait décidé de tourner le dos à une mauvaise gestion des droits de l’Homme. Tout cela a rapproché Rabat de Paris. 
Le problème est que cette appréciation a servi d’écran et les Français ne sont pas allés regarder ce qu’il y avait derrière cette image donnée par le Maroc. Ils ne se sont pas posés la question d’un possible reflux de cette ouverture au niveau de la liberté accordée à la presse et aux médias en général, au niveau du contenu réel de l’instance « équité et réconciliation » et de son résultat ou au niveau de la modification de la Constitution et de sa supposée réorganisation des pouvoirs. Les Français se sont contentés de cette politique d’affichage sans creuser au-delà. 
Dès lors, le Printemps arabe remet en question cette appréciation relative au bon élève marocain parce que, finalement, il fait voler en éclats toutes ces considérations et ces normes construites. Il montre qu’il n’y a pas d’exception arabe et que la volonté de changement peut être définie autrement et, surtout, par d’autres acteurs venant de la société civile ayant la volonté de rompre avec la dictature et l’autoritarisme. Le Printemps arabe montre aussi qu’il y a un souci de la part des sociétés civiles d’aller vers la citoyenneté et la démocratie. Ainsi, le chemin qui conduit à cette ouverture n’est plus le même et cela remet en question implicitement cette idée de bon élève marocain. 
La simple comparaison qui peut être faite entre la rédaction de la Constitution tunisienne – qui n’est pas du tout idéale, pleine de contradictions et qui sera difficile à mettre en œuvre – et la Constitution marocaine permet de voir qu’il y a un monde entre les deux. C’est réellement en comparant qu’on s’aperçoit qu’il y a effectivement des pays qui sont dans une dynamique de changement réel même si cela reste difficile, et d’autres cas où l’on est un peu dans l’affichage et dans un changement construit. 

Le Maroc est en concurrence avec certains de ses voisins, principalement l’Algérie, pour devenir le pivot de la région. Cette rivalité a-t-elle un impact dans la politique africaine de Rabat ?

Effectivement, il existe une concurrence réelle entre Alger et Rabat et face à la dynamique d’AQMI au Sahel, les deux pays pensent qu’il faut trouver une issue au Sahara occidental mais selon des modalités différentes. Maintenant, dans les deux cas, il y a une volonté de se rapprocher des capitales occidentales en mettant en avant une expertise, notamment sur le renseignement concernant les pays du Sahel, et notamment le Mali. La concurrence est évidente. Néanmoins, la politique africaine du Maroc va au-delà de cet aspect et s’appuie sur deux axes principaux. 
Le premier axe est d’ordre économique et porte sur les investissements, l’installation d’Attijariwafa Bank dans les Etats de l’Afrique sub-saharienne par exemple, et les exportations, notamment celle de phosphate qui servira de fertilisant pour l’agriculture de certains pays. 
Le second axe est un axe que les Marocains veulent religieux. En effet, ils renouent avec une tradition sultanesque du Maroc avec la confrérie de la Tijaniya notamment. Cette tradition renvoie à une période durant laquelle le Sultan était très considéré par certaines tribus africaines qui se déplaçaient dans la région. La prière du vendredi, dans certaines mosquées de l’Afrique sahélienne était faite au nom du Sultan marocain. Par ce biais-là, le Maroc pense pouvoir contrer l’Islam radical en faisant revivre un Islam modéré. 
Au plan économique, il est très difficile d’apprécier les effets des investissements, ils seront mesurables sur le long terme. L’Afrique peut être un débouché pour le Maroc. Mais, pour le moment, quand on regarde les échanges en 2013, les exportations vers l’Afrique représentent 2 % du PIB marocain ce qui est extrêmement faible. On ne peut donc pas se baser là-dessus aujourd’hui. 
Concernant les chances de succès du Maroc sur le second axe, cela reste aussi à vérifier. Aujourd’hui, je crois que le Maroc se trouve dans une illusion de grandeur. Aussi, je pense que ce pays avance également en profondeur et vers l’Afrique parce qu’il n’a pas pu s’étendre au niveau horizontal et au niveau maghrébin. Ces grands pays que sont l’Algérie et le Maroc ont évidemment besoin d’avoir des débouchés autres que leur propre pays.

 

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3 décembre 2013 2 03 /12 /décembre /2013 09:07

Livre-small150.jpgAbdellali HajjatMarwan MohammedIslamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le "problème musulman", Paris, La Découverte, coll. « Cahiers libres », 2013, EAN : 9782707176806.

 

« L’enjeu à venir ne se situe plus dans la légitimité de l’usage de la notion d’islamophobie, mais plutôt dans la nécessité de la définir précisément, malgré ses imperfections, afin de limiter les risques d’instrumentalisation »1. Proposer une telle définition est l’un des objectifs que se donnent Marwan Mohammed et Abdellali Hajjat dans ce livre, en mobilisant différents cadres théoriques et outils méthodologiques. Ils présentent une synthèse des données et des débats concernant le terme d’« islamophobie » et le fait social qu’il désigne, les formes de stigmatisation, de discrimination et d’exclusion touchant spécifiquement les musulman-e-s actuellement en France. Ils proposent également une définition opératoire de l’islamophobie : le « processus social complexe de racialisation/altérisation appuyée sur le signe de l’appartenance (réelle ou supposée) à la religion musulmane » (p. 20). Cette définition permet d’articuler les idéologies, les préjugés et les actes avec la construction publique d’un « problème musulman » par certaines élites depuis les années 1980.

2La première partie de l’ouvrage porte sur les réalités et l’évaluation de l’islamophobie, à travers l’expérience des musulman-e-s et les statistiques recensées. L’expérience de l’islamophobie constitue une épreuve, crée un sentiment d’illégitimité et un climat de suspicion, et s’ajoute souvent à d’autres difficultés sociales. Elle est enregistrée par le recensement du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), des enquêtes sur les opinions, les discriminations, le rapport aux valeurs ou l’impact des origines, ou encore des statistiques ministérielles. Par une présentation critique de ces données et de leurs conditions de production, les auteurs montrent notamment la pluralité des expressions du phénomène, visant l’islam comme culte ou les musulman-e-s comme individu-e-s, avec une nette sur-représentation des femmes parmi les victimes et une difficulté à distinguer ce qui relève du racisme, du sexisme et du racisme de classe. Ils notent aussi un affaiblissement des préjugés entre 1990 et 2010, puis une augmentation de l’islamophobie et une baisse du racisme antimaghrébin depuis 2010, qu'ils expliquent notamment par l’agenda médiatique et politique. Ils en concluent à la nécessité de tenir une articulation et une distinction entre ces deux formes de racisme (antimaghrébin et antimusulman), dans le contexte d’une recomposition idéologique et politique autour de la question de l’islam.

3La deuxième partie du livre présente une histoire de la notion, de ses critiques et de ses usages. Le terme est inventé au début du xxe siècle par un groupe d’« administrateurs ethnologues » français spécialisés dans l’étude de l’islam ouest-africain, au croisement d’une prétention scientifique et d’un projet politique. À partir des années 1980, apparaît un usage politique de la catégorie qui désigne des immigrés musulmans vivant sur le territoire européen. Et au milieu des années 1990, l’islamophobie devient « un phénomène global, historique et racial, réinterprété et redéfini par les musulmans et les non-musulmans ainsi que par les universitaires, les acteurs publics et les militants » (p. 82). La notion ne constitue pas encore un concept analytique et empirique, mais influence le débat public. Certain-e-s chercheur-e-s critiquent une conception anhistorique et psychologique, la reproduction de l’idée d’un islam unique ou le regroupement de discours hétérogènes. D’autres analysent l’islamophobie comme une idéologie raciste, comme un processus historique de racialisation, dans une perspective historique et géographique globale ou à partir des questions de genre et de sexualité. Les auteurs, s’inscrivant dans ces différents courants et débats, proposent une définition : un processus de racialisation/altérisation qui assigne à des individu-e-s une identité religieuse et les fait passer à un groupe homogène et permanent, avec une imbrication entre race et religion.

4La troisième partie concerne la construction du « problème musulman » depuis les années 1980 en France. Le « problème musulman » découle historiquement du « problème de l’immigration », quand les « élites » administratives, politiques et médiatiques imposent l’enjeu de la maîtrise des flux migratoires au début des années 1970. Il concerne d’abord les travailleurs immigrés, lors des grèves ouvrières de l’industrie automobile en 1982, puis les enfants immigrés avec la mise en place de la Commission sur la nationalité (1987) et la première « affaire du voile » (1989). Une communauté d’interprétation émerge progressivement sur un « problème spécifique » posé par l’islam, ainsi qu’un espace de mobilisations marqué par de fortes oppositions idéologiques et une convergence autour de la volonté d’un régime d’exception à l’encontre de la population musulmane, la « cause islamophobe ». Un basculement idéologique survient en 2003-2004, avec la définition de la « nouvelle laïcité » qui apparaît comme « une reconfiguration de la division entre le public et le privé par le refus de l’expression de signes religieux “ostensibles” dans l’espace public et par l’intrusion dans l’intimité privée pour mesurer le respect des valeurs républicaines » (p. 145). Des institutions comme le Haut conseil à l’intégration participent à l’institutionnalisation du problème public, à la construction d’une nouvelle norme laïque et à son imposition dans l’action publique. Il en résulte l’extension d’une logique disciplinaire sur les corps et les esprits des musulman-e-s, et finalement un « processus de discrimination légale par capillarité », avec la diffusion progressive et la légitimation juridique de la logique d’exclusion.

5La quatrième partie porte sur la formation d’une « archive antimusulmane », c'est-à-dire l’histoire des représentations de l’islam dans la pensée théologique et politique européenne. À partir duviie siècle apparaissent différentes stratégies discursives contre l’expansion du dogme religieux et de l’ennemi politique. Puis avec la naissance de l’orientalisme au xviiie siècle, l’islam devient aussi objet de connaissances relativement distanciées, enjeu d’exploration et de colonisation. Les discours articulent savoir orientaliste et pouvoir impérialiste contre le « despotisme oriental », avec une radicalisation de l’altérité musulmane par la prédominance du religieux et une connexion entre race et religion. Après la Seconde guerre mondiale, les discours sur l’islam et les musulman-e-s présentent une plus grande diversité, avec notamment la diffusion des représentations néo-orientalistes et stéréotypées et la construction d’un consensus international. Les auteurs proposent enfin une comparaison entre islamophobie et antisémitisme. Tous deux présentent, du point de vue de l’histoire des idées, une relation analogue entre race et religion : « l’appartenance religieuse est censée être le déterminant ultime du comportement individuel et collectif » (p. 183). Dans une perspective socio-historique, antisémitisme et islamophobie présentent aussi « une logique analogue de refus de l’égalité, qui se fonde sur le clivage national/étranger », mais « la consolidation des positions sociales et la normalisation de la présence des juifs contrastent avec la contestation de la légitimité de la présence des musulmans sur le territoire européen » (p. 194-195).

6La dernière partie présente les mobilisations autour de l’islamophobie. D’un côté, le mouvement de disqualification de la lutte contre l’islamophobie procède de l’illégitimité de la pratique religieuse musulmane et de la légitimation de pratiques discriminatoires. Considéré comme manifestation de l’« intégrisme », l’islam est associé à une norme d’infréquentabilité. Dans le mouvement antiraciste par exemple, le groupe des « Arabo-musulmans » étant jugé à la fois moteur et victime du racisme, le passage de la défense des populations discriminées en raison de leur couleur de peau ou de leurs origines à celles d’individus discriminés en raison de leur appartenance religieuse n’est pas évident. De l’autre côté, les prémisses d’une lutte contre l’islamophobie apparaissent dans les années 1990, avec par exemple le Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB, 1995). Cette mobilisation se concrétise dans les années 2000 par des alliances autour de luttes précises, par exemple le collectif « Une école pour tous-tes – contre les lois d’exclusion » (2004). Dans le mouvement féministe, fortement divisé à propos de l’islam et des musulman-e-s, émerge ainsi un courant visant directement l’islamophobie et portant une critique postcoloniale du féminisme majoritaire et de l’universalisme républicain. Et si l’espace des mobilisations contre l’islamophobie est peu soutenu par les principales organisations musulmanes, une nouvelle vague de militant-e-s, majoritairement issus des minorités, apparaît à partir de 2003. Le CCIF (2003), les Indigènes de la Républiques (2005), les Indivisibles (2006) ou la Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (2008), portent notamment des positions critiques à l’égard de l’antiracisme traditionnel, déploient une pluralité de modes d’action et défendent une perspective d’autonomie politique.

7Ce livre propose d'articuler la notion d’islamophobie, la construction du « problème musulman » et la question de la légitimité de la présence de l’immigration postcoloniale sur le territoire national. Avec cette construction originale, appuyée sur des hypothèses fortes et des analyses rigoureuses, il remplit bien son objectif : proposer une définition opératoire pour l’identification et l’analyse de l’islamophobie.

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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 15:21

Comment peut-on laisser en 2013 des gens s’opposer avec Haine à ce que d’autres personnes obtiennent des droits ? Pourquoi refuser le progrès ? Pourquoi se voiler la face vis-a-vis des problèmes de société ?

IMG_0103.JPG          

Le rapport annuel de la CNCDH est plus que jamais accablant concernant l’Islamophobie. Et l’impact de certains discours politiques très « Droite Dure » pourrait en être l’une des causes.

 

Devant l'augmentation constante des actes anti-musulmans, les pouvoirs médiatiques et politiques font preuve d'un étonnant mutisme…

                            L’islamophobie, ce ne sont pas seulement des mots.

On peut certaines fois se dissimuler, derrière le large paravent du franc-parler, « une simple remise au goût du jour du vieux racisme qui prend acte de ce que, depuis bientôt trente ans, la composante religieuse semble primer dans l’affirmation identitaire des “arabo-musulmans“ tout en relayant l’idéologie du choc des civilisations et de leur incompatibilité ».

 Ce n’est pas seulement la proclamation, par un éditorialiste réputé, qui se sent « un peu islamophobe », et que ça ne « gêne pas de le dire », et qui a« bien le droit », n’est-ce pas (personne, de fait, ne le lui conteste), « de penser que l’islam apporte une certaine débilité qui, en effet », le « rend islamophobe ».

Ce n’est pas seulement la non moins hardie prédiction, par l’un de ses non moins renommés pairs, qu’à trop se laisser « changer », la France comptera bientôt« deux minarets » pour une église.

 Ce n’est pas seulement l’énoncé, comme d’une évidence, par un ministre d’État qui semble avoir pris le pli de piocher des bouts de sa dialectique dans le même sac où l’extrême droite serre sa propagande - et qui mettra un peu de temps à réajuster, à la baisse, cette extravagante statistique –, qu’« il y a » aujourd’hui « entre 5 et 10 millions » de « musulmans en France », et que cet« accroissement du nombre » des musulmans « pose problème » (2).

Ce n’est pas seulement l’affirmation surenchérie, par un philosophe de médias pleinement inscrit dans son époque – Michel Onfray, pour ne pas le nommer -, que : « C’est l’islam qui est un problème. »

Des paroles et des actes

L’islamophobie, ce sont aussi des actes, où il est difficile de ne pas voir un peu l’effet de cette libération, dans l’espace public, d’une désobligeante logorrhée.

Ce sont des agressions et des provocations, toujours plus nombreuses – mais dont personne ou presque ne parle, et qui se perpètrent donc sous la protection d’un grand silence.

Le 11 septembre 2011, par exemple, de courageux internautes anonymes ont appelé, sur Facebook, à « égorger » deux mois plus tard, pour l’Aïd el-Kebir, « les musulmans plutôt que des moutons ». 

Le 18 septembre, trente tombes musulmanes du cimetière Saint-Michel de Carcassonne (Aude) ont été recouvertes d’inscriptions racistes et nazies.

Dans la nuit du 18 au 19 novembre, des graffitis de même nature ont été tracés sur les murs de la mosquée de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), où les profanateurs ont aussi tenté de mettre le feu : le Conseil français du culte musulman (CFCM) a relevé, dans un communiqué, que cette violation était la quatrième du genre « en l’espace de deux semaines », après celles qui avaient visé les mosquées de Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne) le 5 novembre, de Saint-amand-les-Eaux (Nord) le 6, et de Montbéliard (Doubs) le 10, et demandé, « compte tenu de la forte augmentation des actes antimusulmans », la « mise en place d’une mission d’information parlementaire sur ce fléau » - mais c’était prêcher dans le désert, et le gardien du cimetière Saint-Michel de Carcassonne a découvert, le 27 décembre, que vingt-neuf tombes musulmanes avaient de nouveau été souillées, comme trois mois plus tôt, d’inscriptions racistes et nazies.

Croix gammées et couennes de porc pour profaner les tombes

Et ainsi de suite, ad nauseam, d’une année sur l’autre  : le 17 janvier dernier, une croix gammée d’un mètre de haut a été peinte en rouge sur un mur de la future mosquée de Montigny-en-Ostrevent (Nord), en même temps que des slogans nazis. Puis, trois jours après, deux têtes de cochons ont été retrouvées sur le chantier de la nouvelle mosquée de Nanterre (Hauts-de-Seine) : cette courte liste, on le devine, est loin d’être exhaustive.

S’en émeut-on ? Le dit-on même ? Fort peu : la presse nationale, où« l’insécurité » peut d’autre fois donner le motif d’assez longs développements, semble avoir de la difficulté à correctement restituer, dans leur continuité, ces incessantes exactions – cependant que leur sanction ne paraît pas forcément être dans les priorités de l’heure.

Ce double constat n’est pas nouveau : en 2010, déjà – pour n’envisager que cette année-là -, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) relevait « sans grande surprise », dans son rapport annuel, que « les actes islamophobes »n’avaient « plus guère de place », alors que leur nombre explosait, « parmi les priorités publiques » - et concluait que leurs victimes étaient « peu reconnues », et« les tribunaux peu saisis ».

 

Il arrive cependant que les auteurs de ces vaillantises soient identifiés, et jugés : cela permet d’appréhender leur motivations – telles, du moins, qu’ils les exposent -, et de vérifier, le cas échéant, qu’on y peut retrouver quelques éléments de langage de l’islamophobie parlée de certains forgerons de l’opinion.

Confondu par son ADN, un ancien sergent-chef d’un régiment de parachustistes d’infanterie de marine qui avait profané au mois de janvier 2011 trois tombes du carré musulman du cimetière de Castres (Tarn) – en y jetant des couennes de porc – a ainsi expliqué, dans un premier temps (et avant de se rendre à plus de contrition), qu’il avait souhaité, par ce geste, réagir contre une « invasion arabo-musulmane » dont il tenait pour coresponsables « les islamo-gauchistes qui nous gouvernent » (3).

« Les incendiaires qui poussent avec les mots, et ceux qui les appliquent »

Ces considérations n’étaient pas, dans la période actuelle, complètement inédites – et le vice-procureur de Castres qui a requis contre l’ex-para quatre mois de prison avec sursis y a entendu comme l’écho d’autres déclamations : « Ce que nous avons à juger, c’est le résultat d’un vent mauvais qui souffle sur notre pays depuis de nombreuses années, et dont je crois pouvoir dire que les plus hautes autorités de l’État n’y sont pas étrangères et alimentent ce climat, même si elles ne sont pas les seules – il y a les incendiaires qui poussent avec les mots, et ceux qui les appliquent », a-t-il expliqué.

Des propos qui sentent l'égoût

D'autres que lui semblent n'être pas d'un avis très différent : c’est le cas, notamment, d’Abdallah Zekri, qui préside au CFCM l’Observatoire national de l’islamophobie (où arrivent quotidiennement des lettres d’insultes - incroyablement ordurières, voir ci dessous – et de menaces, anonymes, évidemment), et qui estime, quant à lui, qu’« il n’est pas étonnant » qu’à force d’entendre des hommes politiques « tenir des propos qui sentent l’égoût, certains se sentent en quelque sorte encouragés à passer à l’acte – peut-être même se disent-ils que s’ils se font prendre, la justice, par les temps qui courent, se montrera de toute façon clémente ».

 

 

(1) Henri Goldman, Le rejet français de l’islam. Une souffrance républicaine, PUF, 2012.

 

(2) Mais qui se défend de « ne pas aimer les musulmans ».

 

 (3) Libération, 8 décembre 2011.

 


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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 14:53

Depuis plus de 10 ans, les agressions contre les musulmans se multiplient en France. Elles sont en hausse de 11,3 % sur les 9 premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2012. Cette année-là, près de 500 actes envers des institutions ou des individus ont été recensés, 200 de plus qu’en 2011 et 300 de plus qu’en 2010. En moyenne, une institution chaque semaine et un individu chaque jour sont victimes d’actes d’hostilité, dégradation ou agression physique. Et encore, ne s’agit-il là que des seuls actes déclarés par les victimes, un grand nombre d’entre elles préférant se taire. Cette comptabilité laisse également de côté la cyber-haine islamophobe qui envahit les réseaux sociaux. Totalement occultée par les medias dominants, l’islamophobie n’en fait pas moins des ravages dans notre société. Cette évolution massive des opinions et des comportements est l’indice d’une transformation profonde du champ politique, elle-même étant le reflet de mutations plus larges, notamment économiques.

L’islamophobie explose en France. Selon le rapport du Collectif Contre l’Islamophobie en France, les agressions physiques ou verbales contre les musulmans ont augmenté de 57 % en 2012 par rapport à l’année précédente. Depuis 2005, leur fréquence a quasiment décuplé. Les atteintes interpersonnelles (agressions verbales ou physiques) ont connu une croissance pharamineuse avec 27 fois plus de cas recensés en 2012 qu’en 2008. Les institutions (cimetières, mosquées, associations, centres culturels, boucheries et restaurants halal) sont régulièrement la cible d’actes de vandalisme ou de dégradation en nombre croissant : ces actes ont été en 2012 cinq fois plus fréquents qu’en 2007 et ceux visant les mosquées ont été deux fois plus nombreux en 2012 qu’en 2011. L’islamophobie se banalise et touche désormais tous les secteurs de la société : « Nous observons une mutation de l’islamophobie, qui après avoir été longtemps et majoritairement l’œuvre des services publics, s’enracine désormais dans le monde du travail, dans le secteur privé, sous la forme d’atteintes interpersonnelles ou d’agressions. La France est passée d’une islamophobie politique à une islamophobie culturelle, relayée politiquement » note le CCIF dans son rapport annuel. Le rôle joué par les medias dans cette diffusion est déterminant.

La construction médiatique du « problème musulman»

L’agenda politico-médiatique des affaires relatives à la question musulmane semble influencer fortement la fréquence des agressions anti-islam. La forte recrudescence d’actes islamophobes correspond à une actualité où la couverture médiatique de l’islam et des musulmans est forte : en 2004, année des débats sur le vote de la loi interdisant le port du hijab à l’école publique, en 2009 au moment du débat sur l’identité nationale et en 2010 au moment du vote de la énième loi ant-voile. L’année 2012 connaît des pics sensibles en avril-mai et en septembre-octobre, aux périodes de l’affaire Mohamed Merah et aux moments de la sortie de la vidéo raciste L’innocence des musulmans, de la publication des caricatures du prophète par Charlie Hebdo et de l’épisode du pain au chocolat de Jean-François Copé. « Cela fait plusieurs années que le CCIF constate cette corrélation entre le traitement médiatique et politique du fait musulman en France et la hausse du passage à l’acte islamophobe », lit-on dans le rapport.

Pour l’opinion, les sujets abordés par les médias étant par définition dignes d’intérêt, on comprend qu’un sujet médiatiquement surinvesti acquiert facilement le statut de problème prioritaire. Si les politiques et les médias sont à ce point obsédés par la question de l’Islam, c’est le signe évident que cette religion pose problème. Dans une étude plus large, on notait une relation similaire entre fréquence des articles ou des émissions traitant de la délinquance et variation du sentiment d’insécurité (préoccupation pour la délinquance). Tandis que les lois antivoiles banalisent la discrimination en la légalisant, les campagnes ou débats publics autour de l’Islam ont pour effet de libérer la parole islamophobe (ceux de l’automne 2009 à propos de l’identité nationale ont été sur ce point exemplaires). Les deux combinés ouvrent la porte à toutes les dérives et ne peuvent qu’encourager les agressions contre la communauté musulmane et ses institutions.

Les machines de guerre islamophobes : laïcité et féminisme

L’islamophobie aime se présenter sous le masque respectable de la laïcité. Dernière manoeuvre politicienne en date, la promulgation d’une charte de la laïcité à l’école a été une nouvelle fois l’occasion de s’attaquer aux signes extérieurs de la pratique religieuse des musulmans et de stigmatiser cette communauté. En réalité, cette laïcité que revendiquent les politiques est à géométrie variable : tandis que l’on stigmatise l’Islam à travers les manifestations visibles de sa pratique, on ne craint pas de défendre « l’identité judéo-chrétienne » de la France ou ses « racines juives »

Alors que les victimes des actes islamophobes déclarés sont très majoritairement des femmes (elles représentent 85 % de l’ensemble des cas visant des individus et la quasi-totalité des agressions physiques), certaines associations féministes combattent ouvertement le port du voile et ont milité activement pour son interdiction, en particulier le collectif Ni Putes Ni Soumises. Rappelons que les femmes voilées sont une cible privilégiée de la violence islamophobe, celles-ci représentant plus des trois-quarts de l’ensemble des victimes et que cette violence est souvent une violence d’État, au moins un fonctionnaire étant mis en cause dans plus de 40 % des cas recensés. Dans deux cas sur trois, il s’agit d’un fonctionnaire de l’Education Nationale, dans un cas sur sept, d’un fonctionnaire de police. Mais cette contradiction manifeste ne semble pas beaucoup gêner l’association Ni Putes Ni Soumises toujours prompte à stigmatiser le sexisme des jeunes maghrébins et à combattre le port du voile dans des campagnes à forts relents néocoloniaux.

L’idéologie islamophobe au service de la classe dominante.

« Les idées dominantes d’une époque sont les idées de la classe dominante », écrivait Marx. Ainsi, il s’est construit un véritable consensus national sur l’idée que l’islam pose problème et notamment qu’il constitue une menace pour la laïcité. Consensus fabriqué de toutes pièces par les medias dominants soumis aux logiques financières des grands groupes capitalistes, dont certains journalistes n’hésitent pas à tenir des propos ouvertement islamophobes. Ce consensus est d’autant plus fort qu’il apparaît comme un moyen efficace dont disposent la classe dominante et son État pour faire diversion face à la crise. La maîtrise des flux migratoires et la stigmatisation des populations immigrées et de leurs enfants au travers de lois sécuritaires et discriminatoires permettent au gouvernement de retrouver une part de la souveraineté qu’il a perdue dans son impuissance manifeste à combattre efficacement la crise économique et sociale du fait des contraintes budgétaires européennes auxquelles il est soumis avec une intensité croissante, tout en canalisant les colères populaires contre un ennemi imaginaire. Face au désarroi provoqué par les politiques d’austérité, le musulman est appelé à jouer le rôle de bouc émissaire, et il excelle d’autant plus dans ce rôle qu’il en cumule toutes les qualités : sans soutien, visible et socialement dominé. La stigmatisation dont il est l’objet semble être sans limites. L’islamophobie se diffuse dans tous les espaces sociaux : les femmes voilées sont exclues d’un nombre croissant de lieux du fait de l’empilement des lois votées depuis dix ans, sans même parler de celles à venir, la discrimination à l’égard des musulmans s’amplifie et ceux-ci se voient de plus en plus fréquemment privés d’accès à certains services comme ceux proposés dans les auto-écoles, les salles de sport, les centres de bronzage ou de beauté, les restaurants, les centres de formation professionnelle,… en raison des signes de leur appartenance religieuse. « Plus grave, de nombreux médecins refusent de soigner des femmes en raison de leur voile ou des hommes en raison de leur barbe », note le CCIF dans son rapport.

Nouvelle idéologie dominante, l’islamophobie se banalise non seulement dans les actes et mais aussi dans les esprits : d’après une récente enquête, les Français soutiennent très largement (à 87 %) la crèche Baby Loup dans son différend avec une salariée musulmane voilée qu’elle a licenciée et se déclarent favorables (à 84 %) à une loi interdisant les signes religieux ou politiques dans les entreprises privées. Droite et gauche confondues, le consensus islamophobe est aujourd’hui quasi-total

L’islamophobie fait le lit du fascisme.

En un peu plus de 10 ans, la présence musulmane est devenue un véritable problème de sécurité intérieure : loi antiterroriste de Daniel Vaillant, lois discriminatoires anti-voile de Sarkozy, racisme anti-arabe assumé de Brice Hortefeux, croisades antimusulmanes de Claude Guéant, délires islamophobes de Manuel Valls (ce dernier renie d’ailleurs le terme même), … les ministres changent, la ligne politique reste identique : taper encore et toujours sur le musulman. La lepénisation des discours et des pratiques atteint la quasi-totalité du corps politique français qui reprend à son compte la rhétorique frontiste sur « l’islamisation de la France », la « menace intégriste » ou le « communautarisme musulman ». Ce véritable racisme d’État qui se met peu à peu en place n’est pas sans rappeler les lois de Nuremberg adoptées dans un contexte d’ailleurs similaire au nôtre (crise économique et sociale et tensions internationales).  Aux mêmes causes, les mêmes effets. Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie, mais son évolution par temps de crise, écrivait Bertolt Brecht. L’exclusion progressive des musulmans de la société française, comme d’ailleurs des autre sociétés européennes également touchées par les politiques d’austérité, ne peut que contribuer à lui donner raison.

 

Sources: Rapport annuel 2013 sur les valeurs 2012, Collectif Contre l’Islamophobie en France.

Le dernier ouvrage de Marwan Mohamed : Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le problème musulman (avec Abdellali Hajjat), Éditions La Découverte.

 

par Nicolas Bourgoin

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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 13:39

Si beaucoup expriment publiquement leur courroux contre Israël qu’ils accablent d’être un pays guerrier, d’autres, par contre, soutiennent de manière abjecte le massacre et appellent même à l’extermination des Arabes. Et dans ce registre monstrueux pour ces hommes publics, le scientologue Tom Cruise ravit la palme du déshonneurtom-cruise.jpg

En effet, le play-boy d’Hollywood considère, ni plus ni moins, que les Arabes «sont la source du terrorisme et n’épargnent personne». Il souhaite, sauvagement, qu’Israël «les extermine tous». Keanu Reeves, lui aussi, fait connaître son plan diabolique.

Cet acteur estime que si les Arabes «étaient vraiment forts, ils auraient détruit le monde».

Comme son consort Tom Cruise, il pense «qu’il faut les éliminer». Toujours dans le rayon des acteurs éradicateurs, Richard Gere soutient que les Arabes «sont un fardeau pour le monde». Que propose-t-il ? A l’image de ses compères, il décrète «qu’il faut les exterminer!» Harrison Ford ne fait pas exception à cette faune d’acteurs au verbe terrifiant.

Pour lui, «les Arabes sont plus vils que les animaux», at-il affirmé toute honte bue. Et de fanfaronner que «nous les juifs sommes le peuple élu de Dieu». Heureusement que ces propos orduriers sortis des bouches de ces acteurs  ne sont pas partagés par le tout Hollywood. Loin s’en faut. L’élégant Mel Gibson, qui passe pour être la bête noire des Juifs et des Sionistes, a éructé son constat.

«Les Sionistes sont la source de la destruction. Je souhaite les combattre», a-t-il déclaré. L’inégalable Al-Pacino a liquidé Israël par cette petite phrase: «Si tu vois l’histoire d’Israël, tu sauras qui est terroriste!», assènet-il, sec. Antony Hopkins, lui aussi, a abondé dans le même sens.

Pour lui, Israël signifie tout simplement «la destruction et la guerre et nous les Américains sommes derrière cette guerre», accuse-t-il. Et d’éructer son coup de grâce: «J’ai honte d’être Américain». Dustin Hoffmann, quant à lui, a prononcé une sentence sans appel contre Israël. «L’humanité a cessé d’exister à la naissance d’Israël», devait-il lâcher.

Le truculent George Clooney, qui n a jamais caché son aversion pour Bush, et qui a bruyamment soutenu Obama, estime que «Bush, Sharon, Blair et Rice sont des noms que l’histoire maudira».

Angelina Jolie, la femme de Brad Pitt, qui porte bien son nom, a pris la Smith défense des Arabes et Musulmans et a chargé Israël. «Les Arabes et les Musulmans ne sont pas des terroristes. Le monde doit s’unir contre Israël».

Les acteurs Ralf Fines et Will Smith sont plutôt réalistes. Le premier estime que «nous vivons dans la jungle où le fort mange le faible. Nous ne sommes pas meilleurs que les Arabes pour que nous les toisions». Will Smith, lui, pense que les deux camps (palestiniens et juifs) ont fauté et que «la guerre doit cesser».

Comme quoi, la guerre au Proche-Orient a ouvert un autre front à Hollywood. 

AA
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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 12:20

L’incroyable histoire des ouvriers népalais de Flextronics et de l’iPhone 5

6332_l-incroyable-histoire-des-ouvriers-nepalais-de-flextro.jpg         Les sous-traitants asiatiques d’Apple sont souvent pointés du doigt pour les conditions de travail dans leurs usines, et les conditions de vie et de sécurité de leurs employés. Et si Apple tente de faire bonne figure dans ce domaine, conduisant des audits annuels d’une partie de ses fabricants et rédigeant un rapport sur les conditions de travail dans les usines, certaines conséquences des exigences de l’entreprise font froid dans le dos. Certes, cette histoire est celle de la mondialisation économique, et les griefs à faire à la Pomme sont souvent opposables à nombre de ses concurrents, mais l’ampleur des lancements des nouveaux produits Apple rendent le cas de l’entreprise presque unique.Quand Apple lance un nouveau produit, c’est une véritable migration qui se déroule dans de nombreux pays d’Asie, pour alimenter des chaines de production qui ont besoin de centaines de milliers de salariés.

Bloomberg publie un reportage absolument édifiant qui permet de mesurer ce qu’implique « l’optimisation des chaines d’approvisionnement », domaine où Tim Cook, le patron d’Apple excelle. L’idée est toujours la même : parvenir, le plus tard possible, à lancer des productions aussi massives que possible pour disposer d’assez d’iPhone, ou d’iPad, pour la mise en vente, tout en préservant au maximum le secret industriel, effectivement éventé dès que les produits commercialisables sont assemblés.

Pour parvenir à un niveau de production aussi élevé sur un temps aussi court, les fabricants asiatiques procèdent à des recrutements massifs, cet adjectif recoupant une réalité que nous avons, en Europe, du mal à nous figurer. Songez plutôt, Foxconn, le principal partenaire d’Apple, possède plusieurs usines gigantesques, employant jusqu’à 300 000 salariés, plus qu’un ville moyenne française. Lors des semaines précédant les phases de lancement, les recrutements s’opèrent, dans ces unités, à des rythmes de l’ordre de 10 000 employés par semaine.

Derrière ces chiffres, un peu abscons, il y a les réalités humaines. Les recruteurs de Foxconn vont chercher des salariés dans les provinces les plus reculées du pays, et dans certains cas sollicitent même les écoles, pour que des classes entières viennent « faire des stages » dans les unités de production…

Par sa taille, Foxconn est l’arbre qui cache la forêt. Des dizaines d’autres fabricants sont mobilisés pour fabriquer les iPhone. Flextronics International, fabricant installé à Singapour, s’est, par exemple, occupé de la partie optique de l’iPhone 5. L’entreprise opère sur 4 continents, où elle possède 2,6 millions de m2 d’unités de production, une bonne partie étant localisée en Malaisie, dans la région de Kuala Lumpur. Et pour fabriquer ces blocs optiques, l’entreprise a recruté dans toute l’Asie, y compris au Népal – les ouvriers népalais sont actuellement parmi les ouvriers les moins payés au monde, et ils travaillent jusque dans les pays du moyen orient. C’est là, à Kathmandu, à plus de 4000 km de Kuala Lumpur, que Flextronics va faire recruter 1500 ouvriers pour s’occuper d’une partie de cette production.

Parmi eux, Bibek Dhong, un jeune népalais de 27 ans, marié et père d’une petite fille. Il vivote avec sa famille, enchainant les petits boulots, gagnant moins de 100 $ par mois. L’homme est recruté par un intermédiaire, qui, en échange de 250 $, lui a promis de lui trouver un bon boulot à l’étranger. Cet intermédiaire travaille lui-même pour un « broker », chargé de dénicher des masses d’ouvriers pour Flextronics, lui aussi rémunéré par les futurs employés. Dhong doit s’acquitter de près de 1000 $ auprès de 3 intermédiaires, près de 10 mois de ses revenus au Népal. Simplement pour aller travailler. Dhong emprunte, 350 $, et s’endette aussi sur ses salaires à venir. À peine pris en charge par le réseau de recruteurs, il se fait confisquer son passeport. Le nouvel esclavage.

Les recruteurs ont d’ailleurs les coudées franches : c’est sous la pression de certaines d’entre-deux que le gouvernement népalais fait diligence pour donner les passeports aux ouvriers en partance pour la Malaisie.

Le 15 octobre, après avoir pris l’avion pour la première fois de son existence, Dhong arrive à Kuala Lumpur, où il est rapidement envoyé sur le site de production de Flextronics. Il rejoint l’une des lignes de production des optiques, lignes désignées sur place par des noms d’États américains. Là, il travaille 12 heures par jour à tester les blocs optiques sur un système informatisé. Il examine 4 optiques à la minute, et reçoit 178 $ par mois, le minimum exigé par le gouvernement népalais pour ses nationaux expatriés.

En novembre, le taux de succès des lignes d’assemblage se dégrade. Le 19 décembre, Flextronics indique à ses cadres qu’Apple rejette 7 blocs optiques sur 10 que lui envoie l’usine. Les chaines de fabrication sont arrêtées. Dhong et ses collègues sont renvoyés dans leur l’hôtel où ils sont hébergés. il n’entendent plus parler de Flextronics pendant 20 jours, avant qu’un cadre vienne leur expliquer qu’en raison « de la mauvaise situation économique » leur boulot a été supprimé et qu’ils vont être renvoyés chez eux.

Pendant des semaines, rien ne se passe, les employés restent dans leurs chambres, d’autant que leur titre de séjour ayant, pour certains, expiré, ils sont désormais des illégaux sur le territoire malaisien. Début février, les anciens employés, toujours bloqués dans leur hôtel, arrivent à la fin de leur argent, et de leur nourriture. L’ambiance est digne de « vol au dessus d’un nid de coucou » dans les chambrées, où certaines personnes, affamées, perdent à moitié la raison. À la fin de la première semaine de février, les ouvriers népalais se rebellent, cassent des vitres de l’hôtel, jettent des téléviseurs par la fenêtre. La police appelée sur place, découvre le spectacle de ces dizaines de personnes affamées, échouées, bloquées. Au lieu de réprimer les mouvements des népalais, les policiers exigent que Flextronics leur envoie… à manger.

Ce qu’elle fait, s’occupant enfin de rapatrier les employés népalais. Dhong quitte la Malaisie le 21 février, un peu plus de 4 mois après être arrivé, deux mois après avoir cessé de travailler pour Flextronics. Il doit toujours de l’argent pour ses deux mois de travail. Et acceptera à nouveau de s’endetter pour trouver un boulot à l’étranger, mieux payé qu’au Népal.

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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 12:15

Plusieurs milliers d’employés du secteur textile ont manifesté lundi contre le nouveau salaire minimum décidé au Bangladesh, forçant 140 usines à fermer leurs portes, et deux employés sont morts au cours de heurts avec la police.

 

773489-policier-recharge-fusil-lors-manifestation     Un policier recharge son fusil lors d’une manifestation des employés du textile.

Le gouvernement a récemment décidé d’augmenter de 76% le salaire minimum mensuel à 68$ en décembre, mais des syndicats estiment que les employés du textile les plus expérimentés ne profiteront pas de cette mesure et que certains patrons ont réagi en diminuant les indemnités transport et repas.

Des scènes de violence ont éclaté à Ashulia, banlieue de la capitale Dacca où sont installées de nombreuses usines textiles travaillant pour de grandes marques occidentales, mais également à Gazipur, au nord de Dacca, selon la police.

«Au moins 10 000 employés ont manifesté à Konabari (district de Gazipur). Ils ont lancé des pierres sur la police. Nous avons riposté avec des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes», a dit un porte-parole de la police, Shamsur Rahman à l’AFP. 

Les manifestants sont essentiellement des salariés expérimentés en colère contre l’absence de revalorisation de leur paie, a-t-il ajouté.

Des témoins ont affirmé que des policiers avaient ouvert le feu sur des employés qui sortaient de l’usine GMS Composite Knitting Industry à Gazipur et que deux des employés étaient morts.

«D’abord, des responsables de l’usine ont battu un de nos collègues, puis, alors que nous sortions de l’usine pour exprimer notre protestation, la police a ouvert le feu. Deux travailleurs ont été tués et plusieurs ont été blessés», a déclaré un employé par téléphone à l’AFP.

«Les responsables de l’usine ont traîné plusieurs des travailleurs blessés à l’intérieur de l’entreprise. Nous ne savons pas ce qui leur est arrivé», a ajouté cet employé, qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité.

Un porte-parole de l’établissement hospitalier où le corps de l’un des employés tués avait été transporté, le Enam Medical College, a déclaré qu’il présentait un impact de balle dans le cou.

La police a confirmé le bilan de deux morts, mais a nié avoir tiré à balles réelles sur les employés. «Nous soupçonnons qu’ils sont morts au cours d’une bousculade lorsqu’ils sortaient de l’usine», a déclaré un responsable de la police, Saiful Islam. Il a affirmé que la police n’avait utilisé que des armes non létales.

Selon l’association des fabricants et exportateurs de textiles du Bangladesh, quelque 140 usines ont dû fermer lundi en raison de ces manifestations.

Malgré la récente augmentation des salaires, les ouvriers du textile au Bangladesh restent parmi les moins bien payés au monde.

L’effondrement en avril, avec un bilan de 1135 morts, du complexe Rana Plaza, qui abritait plusieurs ateliers de production, avait montré une nouvelle fois les médiocres conditions de travail et les salaires de misère des ouvriers du secteur.

AA

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